Interpellée par la députée de Polynésie Maina Sage (UDI), sur le financement du futur Centre de mémoire des essais nucléaires français dans le Pacifique, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a confirmé que la construction de ce Centre, financement compris, serait à la charge de la Collectivité d’Outre-mer.
La députée de Polynésie, lors de l’audition de la Délégation Outre-mer à l’Assemblée nationale portant sur le budget 2020 de la mission Outre-mer, a interpellé la ministre sur un amendement du Ministère des Finances, voté en décembre 2018, précisant que « la construction de ce Centre (de mémoire des essais nucléaires) se ferait à nos frais uniquement ». « Vu la sensibilité du sujet, cela me parait indécent », a déploré la députée, qui ajoute que cet amendement a permis à la Polynésie d’obtenir un terrain de la Défense pour l’implantation de ce Centre. « Je voudrais que le gouvernement lève le gage pour qu’on puisse demain penser à un projet en commun jusqu’au bout, jusqu’au financement de ce centre ».
« C’est ce qui avait été décidé »
Selon la ministre Annick Girardin, cet amendement avait pour but de « redire qu’elle était la part de chacun ». « Mon premier déplacement en Polynésie avait effectivement pour sujet le Centre de mémoire que nous allions porter avec le Pays », a-t-elle rappelé. « Lors des échanges qu’on a pu avoir, c’est ce qui avait été décidé : que l’État apportait le terrain, ou du moins, le donnait à titre gracieux, le Pays, pour sa part, construisait le Centre de mémoire, et nous intervenions ensemble sur le contenu de ce Centre de mémoire avec les différents soutiens ».
« Ce qui ne veut pas dire que le Centre de mémoire en construction par le Pays ne peut pas bénéficier d’autres crédits et d’autres lignes budgétaires », a-t-elle également assuré. « Sur ce sujet l’État sera au rendez-vous » a insisté Annick Girardin, « et le président de la République aura sans doute l’occasion de le rappeler » lors de sa visite en Polynésie en 2020.
Dépollution du site, choix du contenu et concours d’architecte
En parallèle, un troisième comité de projet pour ce Centre s’est tenu à Papeete ce mardi 5 novembre, autour du président de la Polynésie Édouard Fritch et du Haut-commissaire de la République Dominique Sorain. Ce comité « a examiné trois points d’étape significatifs dans l’avancement de ce dossier », indique-t-on dans un communiqué. « La dépollution » du futur site « en raison de la présence, en faible quantité, d’amiante et de plomb ». « Il est envisagé de dépolluer, puis de déconstruire l’ancienne villa du COMAR pour libérer l’espace utile à la création du futur centre, dont les travaux seront financés par le Pays », confirmant ainsi la mise en point de la ministre.
En outre, « un appel d’offre a été lancé en septembre 2019 pour sélectionner un programmiste, qui devra, sur la base du travail déjà réalisé par les membres du groupe scientifique, proposer plusieurs contenus scénographiques et aménagements envisageables. Le candidat sélectionné débutera son travail de terrain dans le courant du mois de novembre », indique encore le communiqué commun de l’exécutif local et du représentant de l’État. A l’issue, pour concevoir l’édifice, un concours d’architecte sera lancé au premier semestre 2020.
Enfin, le comité de projet a validé le principe que le nom de cet organisme soit polynésien, sous-titré en français. Le groupe de travail scientifique a réfléchi, en lien avec les trois académies polynésiennes, et a proposé : « Pu Mahara ». L’appellation en langue française retenue est : « Centre de mémoire des essais nucléaires en Polynésie française ». « Ces noms ont été validés provisoirement par le comité de projet et seront désormais employés pour la suite du programme ».