Essais nucléaires en Polynésie : « De quelle dépollution parlez-vous ? », interpelle le député Moetai Brotherson

Essais nucléaires en Polynésie : « De quelle dépollution parlez-vous ? », interpelle le député Moetai Brotherson

©Grégory Boissy

Lors de l’examen du projet de Loi de Finances 2019 pour les Outre-mer, le député de Polynésie Moetai Brotherson (GDR) a interpellé la ministre des Outre-mer sur « les lignes consacrées à la dépollution » des atolls de Moruroa et Fangataufa, dans le projet de budget Outre-mer. 

« J’ai pu, sous contrôle militaire, visiter l’atoll de Moruroa » indique en préambule le député Moetai Brotherson, membre du parti indépendantiste polynésien et siégeant au sein du groupe GDR à l’Assemblée nationale. « Vous avez évoqué à deux reprises le fait que l’État travaille à la dépollution des atolls de Moruroa et Fangataufa. Vous vantiez le 11 octobre dernier au Sénat que le Ministère des Armées investissait (…) ‘massivement dans la dépollution des atolls concernés’ », reprenant les mots de la ministre Annick Girardin alors qu’elle revenait sur la plainte pour crime contre l’Humanité déposée par le parti indépendantiste. « La France aborde ce passé de manière responsable », assurait-elle, ajoutant que l’État assume « avec sérénité » l’héritage du fait nucléaire.

« Rien ne va dans ce sens dans la présente loi de finances ni dans les précédentes » estime pourtant le député, « le budget de la Défense ne fait mention que des fonds qui sont spécifiquement dédiés à la surveillance radiologique et géologique de Morurua avec TELSITE 2 ». « Alors que des kilos de plutonium issus des essais aériens demeurent, par 10 mètres de fond dans le lagon de Moruroa (…), de quelle dépollution parlez-vous ? », interroge le député, « à quels investissements massifs pour dépolluer faites-vous référence ? », poursuit-il, fustigeant une dépollution qui consisterait à « déconstruire les ruines des infrastructures logistiques pour effacer les traces visibles ». « Autant nous expliquer qu’une nouvelle coiffure et pédicure constituent un remède sérieux au cancer ».

Si la ministre a confirmé la déconstruction des infrastructures et la surveillance radiologique et géologique de l’atoll de Morurua, prévues donc dans le budget du Ministère des Armées, Annick Girardin a néanmoins botté en touche sur la « dépollution massive » des deux atolls, renvoyant à la visite prochaine du président de la République en Polynésie française, au 1ertrimestre 2019. Une réponse jugée « floue et mensongère » par le député dans une publication Facebook.