©Présidence de la Polynésie
Le gouvernement de la Polynésie française a tenu, ce mercredi 10 juin, un Conseil des ministres décentralisé et spécialement dédié à l’archipel des Australes, à l’extrême sud de la Collectivité du Pacifique. Au programme : câble sous-marin numérique ou encore, un projet de réserve de biosphère dans l’archipel.
Pour ce conseil des ministres, le gouvernement polynésien s’est déplacé sur l’île de Rurutu, située à 571 km au sud de Tahiti. Sur place, le gouvernement a évoqué plusieurs sujets liés au développement de cet archipel composé de sept îles (Maria, Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae au Nord de l’archipel et Rapa et Marotiri au Sud). Cinq d’entre elles sont habitées par environ 6 800 habitants. Moins touristique que les quatre autres archipels de Polynésie, les Australes sont connues pour son climat modéré, son mode de vie communautaire, son agriculture ou encore son artisanat.
Sur place, le gouvernement de la Polynésie a d’abord évoqué le projet de câble sous-marin numérique qui doit relier l’archipel à l’île de Tahiti. Ce projet a été évoqué lors de la pose du premier câble domestique « Natitua » dans l’archipel, entre Tahiti et les îles Marquises et Tuamotu. Ce second câble domestique, « Natitua sud », doit poursuivre l’objectif de réduire la fracture numérique entre Tahiti et les îles.
Mise en service de Natitua sud à la mi-2022
« La desserte actuelle des îles de l’archipel des Australes est assurée par transmission satellite, les capacités satellitaires étant onéreuses et limitées en débit », rappelle l’exécutif local. « Cette nouvelle infrastructure permettra à Tubuai et Rurutu, de bénéficier de l’accès aux services innovants dans une perspective de développement économique, touristique, sanitaire, social et culturel et de maintenir les populations dans ces îles », précise-t-on, « de plus, les projets de développement des services de l’administration en ligne, de télémédecine en vue de réduire les coûts de santé et de l’e-education initiés par le Pays vont pouvoir y être déployés ».
Selon le gouvernement, « la réalisation du projet générera des emplois directs dans ces deux îles (…), notamment dans le secteur du bâtiment pour la construction des stations d’atterrage. En termes d’emplois indirects, l’investissement permettra le développement économique de ces îles en favorisant les échanges numériques. Pour l’exploitation et la maintenance des stations d’atterrage, du personnel local sera formé ».
Plusieurs études ont déjà été réalisées par l’Office des Postes et Télécommunications (OPT) de Polynésie. Elles ont servi à « définir le tracé de la route du câble et d’estimer les différents types de protections des câbles liées aux spécificités des fonds marins de cet archipel. Le câble Natitua Sud sera d’une longueur totale de 820 kms, dont 765 Kms de Tahiti à Tubuai, avec une branche vers Rurutu de 55 Kms, et une capacité maximale de 10 Terabits/s ».
« Cet investissement sera assuré par une aide du programme 2020 du Fonds exceptionnel d’investissement de l’Etat de l’ordre de 24% du total de l’investissement, avec une subvention du Pays à hauteur de 45%, d’autres sources de financement (OPT, Agence du développement numérique, emprunt) », a indiqué le gouvernement. « Le planning de réalisation prévoit une publication de l’appel d’offres du système de câble sous-marin au second semestre 2020 et une mise en service de Natitua Sud mi-2022 ».
Réserve de biosphère
Autre projet évoqué par le gouvernement, dans le volet environnement : la création d’une réserve de biosphère dans l’archipel. « En 2018, le maire de la commune de Rurutu et la 3ème vice-présidente et représentante à l’Assemblée de la Polynésie française ont sollicité l’intégration de l’archipel des Australes dans le réseau international des réserves de biosphère, programme de l’UNESCO », rappelle le gouvernement polynésien. La création d’une réserve de biosphère « nécessite de réaliser un diagnostic collectif sur les enjeux et problèmes du territoire concerné, incluant un état détaillé des connaissances écologiques, économiques et des processus sociaux. Plusieurs étapes clés sont nécessaires pour rechercher les points d’accord et de mobilisation des acteurs ».
Le gouvernement polynésien explique avoir mené « une information large et aussi accessible que possible a été apportée aux habitants et aux acteurs socio économiques de Rurutu en juin dernier par la direction de l’environnement, concernant les principes de fonctionnement des réserves de biosphère ». D’autres réunions d’informations doivent se poursuivre d’ici fin 2021 dans les autres communes de l’archipel des Australes pour recueillir leur assentiment, assure-t-on encore.
Les Australes à l’UNESCO
« Ce travail participatif mené sur chaque île » permettra la réalisation d’une « carte synthétique » courant 2022. Une carte « sur laquelle figureront les zones prioritairement dédiées à la conservation et bénéficiant d’un statut de protection règlementaire (zones centrales), les zones associant conservation et développement dans le cadre d’une démarche de progrès volontaire et contractuelle (zones tampons), et les zones où l’accent sera mis sur l’éducation et la sensibilisation (zone de transition) ».
L’étape suivante consistera à préciser les modalités de gouvernance de la future réserve de biosphère. Elle conduira à la mise en place d’un comité de gestion qui impliquera les parties prenantes de l’archipel. Enfin, le dossier devra être approuvé par le gouvernement polynésien qui transmettra la candidature au comité MAB France, puis à l’UNESCO. Par le biais de ce projet, le Pays a pour ambition de proposer à l’UNESCO en 2023 la désignation en Réserve de biosphère d’un archipel tout entier, celui de l’archipel des Australes. Ce serait la première réserve de biosphère d’archipel du réseau français.
Lors de ce Conseil des ministres décentralisé, le gouvernement a également évoqué le soutien aux communes de l’archipel, les aides économiques apportées par la Collectivité, les subventions en faveur de la Maison familiale rurale d’éducation et d’orientation des Australes, les activité et aménagements touristiques de l’archipel, les mesures d’aides à l’emploi, la cession gratuite de foncier à Rurutu et Rimatara, les projets agricoles, l’administration et la situation énergétique de l’archipel ou encore, les subventions aux collèges et lycées.