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A une semaine de la visite de François Hollande en Polynésie française, les associations qui luttent pour la reconnaissance du fait nucléaire se mobilisent pour faire entendre leur voix auprès du Chef de l’Etat. Sur l’atoll de Hao, les habitants s’inquiètent des déchets radioactifs et industriels laissés sur place à la fin des trente années d’essais nucléaires en Polynésie française.
Il est rare que le sujet prenne autant d’ampleur. À une semaine de la visite officielle de François Hollande, Président de la République, en Polynésie française, les associations qui luttent pour la reconnaissance du fait nucléaire montent en puissance et préparent l’arrivée du Président. L’atoll de Hao, à 920 kilomètres à l’Est de Tahiti, a servi de base arrière pendant les trente années d’essais nucléaires en Polynésie française. Les habitants de l’atoll s’inquiètent notamment des déchets radioactifs et industriels laissés sur place par l’Etat et qui, selon les habitants, contaminent leur atoll. Réunis sous la bannière de l’association Haoroagai, les habitants souhaitent la dépollution de leur atoll avant le départ de l’armée prévue l’an prochain. « Cette pollution devrait être évacuée en dehors de l’atoll de Hao. Et que l’Etat français reconnaisse que la bombe a contaminé la Polynésie », a déclaré Manua Terai Avivi, président de l’association Haoroagai, au micro de la chaîne locale TNTV.
Pire encore, une étude aurait confirmé la pollution importante des eaux et des sols de l’atoll. L’institut Louis Malardé doit également effectuer des prélèvements sanguins sur 300 habitants des atolls de Hao et Makemo, afin de savoir si la population est exposée aux essais. L’inquiétude règne aujourd’hui sur l’atoll et l’ancien maire de Hao, Temauri Foster, qui fut un des défenseurs des essais, reconnaît aujourd’hui la nécessité d’évacuer l’atoll en cas de résultats positifs. « Ces résultats ne doivent pas être camouflés. On doit les connaître pour prendre conscience réellement de l’impact de ce phénomène de pollution sur la terre et sur les hommes », indique-t-il. Situation d’autant inquiétante que l’atoll devrait accueillir la première ferme aquacole de Polynésie française. Plus proches de Moruroa, les habitants de Tureia craignent eux l’effondrement de l’atoll fissurée par les essais, qui provoquerait un raz-de-marée radioactif. « Le jour où arrivera cet effondrement de Moruroa, les sirènes nous préviendront : « vous allez tous crever ! » », racontait Maoke Brander, originaire de Tureia dans le livre « Témoins de la Bombe ».
Après le lancement d’une pétition qui a recueillis plus de 30 000 signatures, d’une marche de mobilisation pour alerter population et politiques et un sit-in aux Monuments aux Morts à Papeete, les associations qui luttent pour la reconnaissance du fait nucléaire ont obtenu gain de cause, puisque le Président de la République compte s’exprimer sur l’épineux sujet. Reste à savoir si la demande de référendum souhaité par l’Association 193 et Moruroa e Tatou sera entendue par les élus polynésiens et l’Etat.