En Polynésie, l’idée d’une caisse assurance chômage fait son chemin

En Polynésie, l’idée d’une caisse assurance chômage fait son chemin

©Présidence de la Polynésie

Le gouvernement de la Polynésie est « prêt à engager les travaux avec les partenaires sociaux sur ce chantier important », a assuré la ministre du Tourisme et du Travail, Nicole Bouteau, interpellée par une représentante de l’opposition indépendantiste à l’Assemblée de Polynésie. 

Dans l’Hexagone et les DROM, les entreprises ne pouvant poursuivre leurs activités en temps de confinement, même par le biais du télétravail, ont eu recours au chômage partiel financé à 80% du salaire net par l’État. Un dispositif qui n’existe pas en Polynésie française. Les entreprises locales ont donc dû faire appel aux congés payés, ou aux dispositifs mis en place par le gouvernement comme le revenu exceptionnel de solidarité. Le Pays va également mettre en place deux dispositifs d’aide aux entreprises et aux travailleurs indépendants afin de « favoriser les conditions de reprise de l’activité économique post-confinement » et « soutenir les secteurs prioritaires ».

Toutefois, la crise économique pointe le bout de son nez en Polynésie, considérablement dépendante du tourisme international à l’arrêt depuis le début de la crise. Avec cette crise, une perte d’activité et d’emplois alors que la Collectivité avait renoué avec la reprise économique après un début des années 2 000 marqué par la baisse du tourisme liée aux attentats du 11 septembre, l’instabilité politique et la crise des subprimes en 2008. Et même malgré l’embellie des dernières années, le taux de chômage en 2019 atteint les 14,5% en Polynésie, selon les dernières conjonctures de l’IEOM.

Quel financement ? 

« Les syndicats, les représentants des employeurs, le tissu associatif polynésien et les membres de la société civile sont unanimes face à la catastrophe économique et sociale post-covid qui va toucher de plein fouet toutes les composantes de notre société » a abondé la représentante Eliane Tevahitua, élue indépendantiste à l’Assemblée de Polynésie. « Notre pays ne dispose pas à ce jour d’amortisseurs sociaux efficients et pérennes susceptibles d’absorber les conséquences de ce choc exogène », poursuit-elle, rappelant que le cadre réglementaire d’une telle aide existe depuis une loi de mai 2011, « il reste à fixer les conditions de financement de cette indemnité ».

« Aurez-vous le courage et l’audace, au nom de la justice sociale et de la solidarité envers les salariés polynésiens fragilisés par la perte de leur emploi, de mettre en place un système d’assurance chômage ? », a interrogé la représentante lors de la séance de ce jeudi à l’Assemblée de Polynésie. Son groupe, le Tavini Huira’atira propose pour son financement le doublement de la « dette nucléaire » due par l’État, la mise en place d’un impôt sur la fortune, ou encore une taxe sur « les transferts monétaires qui sortent de notre pays ».

Une « bonne nouvelle » pour les syndicats

« Notre gouvernement est prêt à engager les travaux avec les partenaires sociaux sur ce chantier important » a répondu la ministre du Tourisme et du Travail Nicole Bouteau. Une position non sans conditions, naturellement. « Nous y sommes favorables mais il faut que les partenaires sociaux y adhérent également car les financements nécessaires pour alimenter une assurance chômage doivent être partagés », a-t-elle insisté. « Sur le temps long, ça ne peut pas être la seule collectivité qui porte le poids d’une caisse de chômage ».

L’idée d’une caisse d’assurance chômage fait donc son chemin en Polynésie française. Et ce ne sont pas les syndicats salariés qui contesteraient un tel dispositif. Le 1er mai dernier, la question avait déjà été évoquée avec l’exécutif polynésien. « Bonne nouvelle, ils sont prêts à étudier le principe d’une caisse de chômage », s’était enthousiasmé le secrétaire général de la CSTP-FO, Patrick Galenon. Il estimait qu’entre 22 000 et 25 000 emplois allaient être perdus à l’issue de cette crise.