En Nouvelle-Calédonie, « la capture et l’euthanasie de requins bouledogues » autorisées

En Nouvelle-Calédonie, « la capture et l’euthanasie de requins bouledogues » autorisées

Un groupe de requins bouledogues dans l’Océan Pacifique ©Wikicommons (Illustration)

La province Sud de Nouvelle-Calédonie et la mairie de Nouméa ont conjointement annoncé plusieurs mesures, « à court, moyen et long terme », pour réguler la population de requins bouledogues dans les baies de la capitale calédonienne. Un plan qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux. 

« Depuis 2013, l’ensemble des espèces de requins est protégé par le code de l’Environnement de la province Sud. L’attaque le 25 mai dernier du petit Anthony en rade de Nouméa, est cependant venue tragiquement attester de la prolifération du requin bouledogue », dit la province Sud dans un document présentant les mesures face au risque requin. Quelques jours après l’attaque d’Anthony, un pêcheur est également décédé suite à une attaque en province Nord. « Un nombre important, perçu en croissance, d’individus de cette espèce, un temps nourri avant que la pratique du shark-feeding ne soit interdite, s’est sédentarisé à proximité du Grand Nouméa », poursuit-on.

Et alors que les mesures d’éloignement sont jugées inefficaces, « la province Sud et la mairie de Nouméa lancent donc un plan d’action commun, en concertation avec le port autonome, les Affaires Maritimes, la DSCGR, visant à apporter des réponses aux légitimes inquiétudes et à proposer des réponses en matière de gestion de ce phénomène de présence récurrente de requins à proximité des vies humaines ».

Capture, euthanasie et lutte contre les rejets de nutriments

Ces mesures à court, moyen et long terme visent « à réguler la population de requins bouledogues aux abords des zones urbaines (petites et grandes rades), où ils se sont sédentarisés mais également à promouvoir la nécessaire mise en œuvre de bonnes pratiques, bons réflexes par tous ainsi que la mise en place de mesures visant sur le long terme à disposer de conditions de mouillages et de gestion des ports de plaisance répondant aux exigences d’une maîtrise des rejets en mer ».

Ainsi, parmi les mesures à court terme, les deux institutions ont autorisé « la capture et l’euthanasie des requins bouledogues ». Une vingtaine de requins, présents dans les baies nouméennes, seraient concernés par cette mesure. « Cette opération se fait dans un cadre mobilisant un pécheur professionnel, les services de la province Sud, du PANC, les AFFMAR, la DSCGR afin de garantir le bon déroulement des opérations et des conditions de sécurité pour tous les intervenants ».

« Régulation » à moyen terme

Si le requin bouledogue ne sort pas de la liste des espèces protégées par le Code de l’Environnement calédonien, celui-ci permet la régulation d’un certain nombre de requins sur un périmètre restreint, « lorsque des intérêts relatifs à la protection de la vie humaine le justifient ». À moyen terme, on annonce une « autorisation de régulation de requins bouledogues sur un périmètre élargi aux baies et aux abords de l’île Sainte-Marie par des opérateurs identifiés répondant à des conditions en matière de moyens humains, techniques et de formation ».

Autre mesure à court terme, « les mouillages forains seront interdits Baie des Citrons ». Autrement dit, les deux institutions souhaitent éviter les rejets de nutriments attirant les requins bouledogues dans la baie concernée, zone de baignade très prisée à Nouméa. A moyen et long terme, « la gestion des conditions de mouillages et de gestion des ports de plaisance sera étudiée, dans un cadre partenarial, afin de pouvoir agir tout particulièrement sur les différents rejets pouvant induire des situations d’insécurité ».

« Une étude est lancée sur la faisabilité de l’installation de mesures de protection, pour sécuriser les baies », annonce-t-on encore dans le volet des mesures à long terme. La ville de Nouméa étudie la possibilité d’installer des filets anti-requins dans la Baie des Citrons, inspiré de ceux mis en place sur la Gold Coast en Australie. En outre, la province et la mairie annonce des mesures de sensibilisation sur « les bons réflexes et les bonnes pratiques » à adopter « afin de ne pas générer des situations de confusion pour les requins ».

Pétition en ligne contre l’abattage de requins

« Cette opération de prélèvement ne pourra fonctionner que si on n’a pas d’arrivée de nouveaux requins bouledogues et pour cela, il faut qu’il y ait un changement de comportement », a déclaré Sonia Backès en marge de la présentation de ces mesures. La présidente de la province Sud vise notamment « le shark-feeding » et les rejets en mer. « L’idée c’est d’avoir un plan global qui fasse que d’une part on limite la population de requins bouledogues déjà sur place (…), et d’autre part qu’on limite l’arrivée de requins bouledogues qui pourraient être attirés par la nourriture ».

L’annonce de ce plan a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, mettant en exergue les divisions entre d’une part, les personnes souhaitant une protection des requins, et d’autre part, celle en accord avec les mesures d’abattage des requins. Ainsi, une pétition opposée à ces mesures et mise en ligne suite à ce plan a déjà récolté plus de 3 000 signatures. Du côté des partisans de ces mesures, la page Facebook « Nouvelle-Calédonie prévention requin » a annoncé se constituer en association. Une situation qui fait écho à La Réunion, où les débats sont également âpres. L’île de l’Océan Indien fait face à une crise depuis 2011.

PSud MDN – DP mesures risque requin