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Dans la suite logique des élections provinciales du 12 mai dernier, les élus du Congrès de Nouvelle-Calédonie vont élire, le 13 juin, les membres du gouvernement collégial calédonien, le 16ème depuis sa création en 1999 par l’Accord de Nouméa.
Unique dans la République, le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie est élu par le Congrès, lui-même composé des élus des trois provinces calédoniennes, proportionnellement aux résultats des élections provinciales. Concernant le calendrier, les élus du Congrès se réuniront le 5 juin pour déterminer le nombre de membres du prochain gouvernement. Celui-ci doit en comprendre 5 à 11 et est généralement fixé à 11.
Par la suite, chaque groupe politique dépose leurs listes de candidatures respectives dont le délai est fixé cette année au 7 juin à minuit. Chaque groupe politique au Congrès a un nombre de membres au gouvernement proportionnel à son nombre d’élus au Congrès. Et depuis 1999, le gouvernement est présidé par un loyaliste alors qu’un indépendantiste occupe le poste de Vice-président. L’élection du gouvernement aura lieu, cette année, le 13 juin et clôturera la séquence politique riche en surprises de ces provinciales 2019.
L’Éveil océanien, arbitre de la politique calédonienne
Comme ce fut le cas pour l’élection du président du Congrès, celle du gouvernement risque d’être fort en rebondissements. Et pour cause, en se faisant une place inattendue dans l’échiquier politique calédonien, depuis toujours divisé en deux blocs idéologiques, le parti communautaire wallisien l’Éveil océanien a rebattu les cartes et se pose en véritable arbitre de la vie politique calédonienne.
Non indépendantiste, l’Éveil océanien a obtenu 4 sièges à la province Sud où le parti a soutenu les loyalistes de l’Avenir en confiance pour l’élection de la présidente Sonia Backès et son bureau, sans rien recevoir en retour. Au Congrès, le parti wallisien, avec ses 3 élus, a surpris en apportant ses voix au candidat indépendantiste Roch Wamytan. Ce dernier partait déjà avec une majorité relative de 26 élus contre 25 du côté des deux groupes loyalistes, Avenir en confiance et Calédonie ensemble, frères ennemis, qui ont toutefois soutenu une candidate commune.
« J’assume d’avoir voté avec les indépendantistes. Travailler avec eux, ce n’est pas travailler pour l’indépendance. Arrêtons ce clivage pour ou contre l’indépendance et travaillons à améliorer la vie des Calédoniens », avait déclaré Milakulo Tukumuli, tête de fil de l’Éveil océanien après avoir soutenu Roch Wamytan. Amertume chez les loyalistes.
Reste à savoir comment l’Éveil océanien se positionnera lors de l’élection du gouvernement et surtout, de son président. Alors que cette mandature est la dernière de l’Accord de Nouméa, cette place est déterminante, tout comme celle de président du Congrès, notamment dans le cadre des deux prochains référendums en 2020 et 2022. Et après avoir dessiné « une majorité océanienne » au Congrès, l’Éveil océanien continuera-t-il sur sa lancée ? Tout dépendra de l’offre et surtout, qui répondra au mieux aux priorités du parti wallisien : logement, concurrence, augmentation des salaires. En d’autres termes des sujets du quotidien qui dépasseront les clivages.
« Marquer océanien »
Pour le 13 juin, les scénarios sont trop nombreux pour tenter de dégager une issue à l’élection du gouvernement. Vraisemblablement, Thierry Santa sera le candidat de l’Avenir en confiance. Le président par intérim du Rassemblement-LR, une des composantes de l’Avenir en confiance, a fait des appels du pied à l’Éveil océanien. Il en va de même pour son groupe qui a appelé au rassemblement, après avoir fustigé une « trahison ». Mais si l’Éveil océanien réitère l’épisode du Congrès, un indépendantiste pourrait, pour la première fois depuis 1999, présider le gouvernement collégial calédonien avec, pourquoi pas, un Vice-président issu des rangs wallisiens. Encore plus surprenant, le parti aux trois élus pourrait-il être porté à la tête du gouvernement ? Une position rêvée pour l’arbitre des clivages.
Une chose est certaine, si un indépendantiste ou le leader de l’Éveil océanien prend la présidence du gouvernement calédonien, l’inattendue alliance terminera « d’imprimer dans ce pays du Pacifique le sceau historique du marqueur océanien ». Quoi de plus naturel au final pour la Nouvelle-Calédonie, située à la croisée des chemins entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, entourée du Vanuatu, des Fidji et des îles Salomon, que de s’affirmer océanienne ? Et si les non indépendantistes, épris d’une volonté de rassemblement, abondent aussi dans ce sens, cet « océanisme » pourrait aller bien au-delà des apparences.