En Haïti, quatre morts dans un accident de blindé de l’ONU alors que la colère gronde dans le pays

En Haïti, quatre morts dans un accident de blindé de l’ONU alors que la colère gronde dans le pays

©AFP

Quatre personnes ont été tuées et neuf autres blessées samedi soir à Port-au-Prince dans un accident de la circulation impliquant un blindé des Nations unies, selon les bilans fournis par la police nationale d’Haïti (PNH) et l’ONU, alors que la capitale haïtienne est le théâtre de manifestations contre le pouvoir.

Le véhicule de la mission des Nations unies pour l’appui à la justice (Minujusth) aurait, selon les témoins, perdu l’usage des freins alors qu’il circulait sur l’un des principaux axes de la capitale. Le blindé serait alors entré en collision avec un tap-tap, véhicule de transport en commun haïtien. Une enquête est en cours pour déterminer les causes précises de l’accident.

« Quatre passagers du tap-tap ont été tués et plusieurs autres ont été blessées dans l’accident » a indiqué Gary Desrosiers, porte-parole de la PNH. « Parmi les blessés figurent deux policiers Minujusth qui se trouvent actuellement dans le coma et un policier haïtien, qui accompagnait les forces de l’ONU dans le blindé » a-t-il précisé. La Minujusth a précisé dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche, qu’un citoyen haïtien et huit policiers des Nations unies font actuellement l’objet de soins.

La Minujusth a été déployée en Haïti en octobre 2017 pour succéder à la mission des Casques bleus (Minustah) créée en 2004 suite à l’éviction du président Jean-Bertrand Aristide sous la pression d’une insurrection armée et d’une révolte populaire. Le mandat de la mission, qui compte actuellement 995 policiers, prévoit une diminution progressive de ses effectifs jusqu’à la fin de son mandat prévu pour octobre 2019.

Importantes manifestations depuis jeudi

Cet accident a eu lieu alors que la capitale Port-au-Prince est le théâtre de manifestations contre l’inflation et pour exiger le départ du président haïtien Jovenel Moïse. Un jeune homme a été tué et un autre blessé par balle ce même samedi après-midi dans la capitale, où s’étaient réunis des centaines de manifestants qui réclament le départ immédiat de Jovenel Moïse, après la publication d’un rapport édifiant sur la mauvaise gestion des dépenses publiques. Ce rapport met également en évidence un possible détournement de fonds prêtés depuis 2008 par le Venezuela à Haïti pour financer son développement économique et social.

Les principaux axes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ont été progressivement bloqués par des barricades de pneus enflammés et de pierres, tenues par des jeunes rançonnant les rares automobilistes circulant dans les rues. Des milliers de personnes à travers le pays avaient déjà manifesté jeudi, répondant à l’appel lancé par les principaux groupes d’opposition. Au moins deux personnes ont perdu la vie lors de ces mobilisations, selon le bilan partiel dressé par la PNH jeudi soir.

Avec AFP.