En désaccord avec Moroni, Paris a suspendu ses visas aux Comoriens

En désaccord avec Moroni, Paris a suspendu ses visas aux Comoriens

©Bertrand Guay / AFP

La France a suspendu la délivrance de visas aux ressortissants comoriens, en raison du refus de Moroni de laisser rentrer sur son territoire les citoyens comoriens refoulés de Mayotte, a-t-on appris mercredi auprès du ministère des Affaires étrangères lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

« Face au blocage que nous avons pu constater sur la réadmission et face à la poursuite des arrivées de migrants irréguliers à Mayotte, nous avons décidé de suspendre la délivrance des visas pour les Comoriens vers la France depuis le 4 mai dernier, jusqu’à nouvel ordre », a précisé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, répondant à la députée mahoraise Ramlati Ali lors des questions au gouvernement. Le chef de la diplomatie comorienne Mohamed Elamine Souef a dénoncé en retour un « ultimatum lié à la question des mineurs isolés dont la France voudrait se débarrasser en les expulsant vers les Comores ».

La décision de Paris, qui concerne les visas à destination de la France métropolitaine ainsi que ses départements d’outre-mer, intervient après que Paris a publiquement condamné la décision prise le 21 mars dernier par Moroni d’interdire les reconduites des Comoriens entrés illégalement à Mayotte, île française de l’océan indien, anciennement rattachée aux Comores. « Ces pratiques ne sont pas acceptables », a martelé Jean-Yves Le Drian. « Ceci n’empêche pas la discussion et le dialogue avec les autorités comoriennes » afin de « lutter conjointement et efficacement contre les filières d’immigration illégale et que nous puissions aboutir à des actions concrètes de développement aux Comores », a-t-il ajouté.

« Un problème d’intégrité territoriale »

« Nous ne reculerons pas, la circulaire restera en vigueur jusqu’à la fin des négociations en cours », lui a rétorqué, devant la presse, son homologue comorien. « Il y a un différend territorial entre la France et les Comores. Et elle a choisi l’arme des visas. Mais comme nous persistons à le dire, ils ont la force, nous, nous faisons confiance au droit », a insisté Mohamed Elamine Souef. Les autorités françaises ont multiplié dernièrement les expulsions vers leur île d’origine de Comoriens sans papiers arrivés sur Mayotte.

img-1

Moroni a riposté en refusant de laisser rentrer sur son territoire ses citoyens refoulés, tout en promettant un renforcement des mesures de sécurité sur l’île d’Anjouan, principal point de départ des immigrants clandestins vers Mayotte, notamment pour « traquer » les passeurs. Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne s’était rendu mi-avril aux Comores pour tenter d’apaiser les tensions. Composées de quatre îles (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), les Comores se sont prononcées par référendum pour leur indépendance de Paris en 1975.

Mais les habitants de Mayotte ayant voté pour le maintien dans le giron de la France, Paris avait décidé que l’île deviendrait une collectivité territoriale, au grand dam de Moroni et malgré plusieurs résolutions des Nations unies. A cet égard, Jean-Yves le Drian a réaffirmé que la rumeur sur un projet de communauté de l’archipel des Comores était « sans fondement ». « Nous ne transigerons pas sur le statut de Mayotte au sein de la République française », a-t-il insisté. Les Comores, qui revendiquent la souveraineté sur Mayotte, ne transigeront « pas non plus », a insisté Mohamed Elamine Souef. « Il s’agit d’un problème de fond, un problème d’intégrité territoriale », a-t-il conclu.

Avec AFP.