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Emmanuel Macron a remis samedi au gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie les deux actes de prise de possession de ce territoire, les 24 et 29 septembre 1853 au nom de Napoléon III, dans un geste hautement symbolique à six mois d’un référendum sur l’indépendance.
Il a dévoilé les deux documents, sous vitrine, au Centre culturel Tjibaou, à Nouméa, dernier des grands travaux de François Mitterrand, inauguré il y a 20 ans par Lionel Jospin. Les documents étaient jusqu’alors conservés aux archives de l’outre-mer d’Aix-en-Provence. « Je les remets à l’ensemble des Calédoniens », a déclaré Emmanuel Macron. « Nous ne sommes plus au temps de la possession, nous sommes au temps des choix et de la prise de décisions collectives ».
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 5 mai 2018
Avec ce geste, « vous allez marquer l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie », a estimé Philippe Germain, président du gouvernement calédonien. Auparavant, le chef de l’Etat avait de nouveau effectué un geste coutumier, en présence notamment des autorités traditionnelles kanak de la région de Nouméa, et d’Emmanuel et Marie-Claude Tjibaou, fils et veuve du leader kanak assassiné il y a 29 ans. « Durant ces deux journées que j’ai passées parmi vous, j’ai vu une jeunesse ardente qui avait envie d’avancer et de construire et j’ai vu des mémoires diverses », a-t-il dit.
Emmanuel Macron remet aux membres du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie l’acte de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France en 1853. pic.twitter.com/KxZhLsXnTm
— CALEDONIA (@caledonia_nc) 5 mai 2018
« Je tenais à rendre compte de toutes ces mémoires. Bien évidemment la mémoire kanak du peuple premier (…) qui a eu à subir des violences et des humiliations qu’il faut regarder en face. Ce temps-là a existé et cette mémoire est là », a-t-il reconnu. « Le chemin fait pendant ces vingt dernières années a notamment commencé ici même, il a permis d’avancer parce qu’il a pleinement reconnu la culture kanak, il a pleinement reconnu cette part insécable de l’histoire, de l’actualité et de l’avenir de l’archipel », a-t-il ajouté, avant d’évoquer les « autres mémoires », celle « de tous ceux et toutes celles qui ont contribué à construire la Nouvelle-Calédonie. Ces mémoires viennent s’entrelacer ».
« Ce que je vous propose, c’est cette alliance des mémoires qui seule permet de regarder sereinement l’avenir », a conclu Emmanuel Macron, après un déplacement à Ouvéa où il avait joué le jeu de l’apaisement, et avant un grand discours où il a appelé les électeurs calédoniens à « ne pas faire reculer l’Histoire » lors du référendum du 4 novembre.