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Semaine aux antipodes pour Emmanuel Macron qui se rend en Australie avant une visite de trois jours en Nouvelle-Calédonie, où il ira notamment à Ouvéa, une première pour un Président français, 30 ans jour pour jour après les sanglants événements.
Après deux jours à Canberra où il parlera défense, climat et gastronomie et signera des accords commerciaux, le chef de l’Etat est attendu du 3 au 5 mai à Nouméa, à six mois du référendum sur l’indépendance du territoire français. Pendant cette visite, il sera le premier Président français à se rendre dans la province des îles Loyauté, à Ouvéa, où a eu lieu le 5 mai 1988 l’assaut meurtrier contre la grotte où des indépendantistes retenaient des gendarmes en otages. En cette année « historique », ce déplacement sera aussi l’occasion de « préparer la paix et l’avenir », selon l’Elysée.
Le Président -qui ne s’est jamais rendu, même à titre personnel, sur l’archipel- effectuera sur l’île « trois gestes de mémoire et de recueillement » silencieux, sans prononcer de discours, a-t-on indiqué. Une cérémonie aura ainsi lieu devant la stèle commémorative de la gendarmerie de Fayaoué, théâtre le 22 avril 1988 de l’attaque d’un commando indépendantiste qui avait tué quatre gendarmes et pris 27 autres en otages.
Un moment de recueillement sera également observé à Wadrilla devant le monument des 19 militants kanaks tués (ainsi que deux militaires) lors de l’assaut de la grotte puis à l’endroit, à quelques mètres, où ont été assassinés par l’un des leurs, le 4 mai 1989, les deux leaders nationalistes Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné. Le Président Emmanuel Macron n’ira pas à la grotte elle-même. La mémoire de ces événements « douloureux et complexes » est régulièrement célébrée sur ces sites commémoratifs et pas à la grotte, justifie l’Élysée.
Cette visite, qui divise la population de l’île, est possible car le travail de préparation sur le terrain montre que « toutes les conditions sont réunies », assure l’Elysée. Emmanuel Macron « veut honorer les morts, les familles mais aussi saluer toutes les réconciliations » qui ont eu lieu depuis entre les familles et les gendarmes, selon l’Elysée qui insiste sur une visite marquant la « fin d’un processus exemplaire et historique ».
Remise de l’acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie
Le 5 mai est en effet aussi la date-anniversaire de l’accord de Nouméa de 1998 et le processus de décolonisation par étapes qui a ouvert la voie au référendum d’auto-détermination qui se tiendra le 4 novembre. Le président « n’exprimera pas de position » sur ce scrutin. Car, au-delà des « gestes et des symboles, le président veut préparer l’avenir » sur lequel il prononcera un « grand discours » le 5 mai avant son retour. Pour symboliser la prise en main de son destin par l’archipel, le Président aura auparavant remis au gouvernement calédonien l’acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie « au nom de la France et de l’empereur », datant de 1853, jusque-là conservé au service des Archives Nationales d’Outre-mer à Aix en Provence. Cette remise se fera au Centre culturel Jean-Marie Tjibaou.
Vendredi, après avoir rencontré des élus et des lycéens à Koné (nord), le président discutera avec la population de la cité Pierre-Lenquette, un quartier de « reconquête républicaine » de Nouméa, ainsi qu’avec la police et la gendarmerie. Emmanuel Macron se rendra ensuite au siège de la Communauté du Pacifique, à Nouméa, pour parler notamment changement climatique avec les responsables des diverses îles et territoires d’une région particulièrement menacée.
A chaque étape, le Président de la République, qui entend être respectueux des usages locaux, « fera coutume », en doublant par exemple de l’accueil coutumier l’accueil républicain, avec honneurs militaires, lors de son arrivée. Emmanuel Macron, qui vient sans son épouse, aura auparavant passé deux jours en Australie pour y évoquer la coopération bilatérale dans les domaines de la sécurité dans la région et de l’économie, de même que la question du changement climatique.
Avec AFP.