Emmanuel Macron de retour au chevet de Saint-Martin et Saint-Barth, un an après Irma

Emmanuel Macron de retour au chevet de Saint-Martin et Saint-Barth, un an après Irma

©AFP/ Christophe Ena

Un an après le passage dévastateur de l’ouragan Irma sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Emmanuel Macron retourne en fin de semaine au chevet des deux îles ravagées, après une étape en Martinique et en Guadeloupe où il abordera plusieurs questions environnementales.

Accompagné de cinq ministres, il se rendra jeudi en Martinique et vendredi en Guadeloupe, deux territoires qu’il foulera pour la première fois en tant que chef de l’État. Emmanuel Macron s’était déjà rendu à Saint-Martin et Saint-Barth les 12 et 13 septembre 2017, une semaine après le passage de l’ouragan de niveau maximal 5 qui avait tué 11 personnes à Saint-Martin et endommagé 95% du bâti des deux îles. Il s’était alors engagé à revenir un an plus tard. Ce déplacement d’Emmanuel Macron, qui arrivera tard mercredi soir en provenance de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, intervient dans le prolongement du livre Bleu Outre-mer, déclinaison de sa politique pour les territoires ultramarins, présenté en juin.

Bilan de la reconstruction à Saint-Martin et Saint Barthélémy

« Sans doute une des parties difficiles de ce déplacement », souligne l’Elysée. Dans la partie française de l’île qui comptait 35.000 habitants avant l’ouragan (environ 8.000 sont partis), Emmanuel Macron ira samedi « à la rencontre des Saint-Martinois » et des associations, pour une « visite de chantier » de reconstruction, notamment à Quartier d’Orléans (est), l’un des secteurs de l’île les plus pauvres. « Le président s’était engagé à revenir au bout d’un an, parce qu’il sait que (…) c’est la période de l’impatience et du découragement », ajoute son entourage. Dans l’île aux bâtiments pas toujours aux normes, de nombreuses toitures et maisons restent dans un état précaire. Retard des assurances, population souvent pauvre et non assurée, bipartition de l’île entre une partie française et une partie hollandaise qui complexifie l’application des règlementations, manque de rigueur dans la gestion antérieure de la collectivité expliquent cette lente reconstruction.
Saint-Martin mise sur une reprise partielle du tourisme, principale ressource économique, pour la saison haute en décembre. Emmanuel Macron rencontrera dimanche les acteurs du tourisme à Baie orientale (est).

A Saint-Barthélémy, l’île d’environ 9.000 habitants a pansé ses plaies plus rapidement, grâce à un bâti plus solide et une situation financière plus aisée. La quasi-totalité des hôtels sont opérationnels, mais l’île connait une grave crise du logement. Le chef de l’État visitera dimanche un site de gestion de crise.

Chlordécone en Martinique et Sargasses en Guadeloupe

En Martinique, Emmanuel Macron abordera jeudi le délicat dossier de la pollution au chlordécone, un insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien interdit dès 1977 aux États-Unis, mais utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Désormais présent dans les sols pour plusieurs centaines d’années, il se retrouve dans l’eau ainsi que les denrées végétales et animales. Le président se rendra dans une exploitation agricole de Morne rouge (nord), où il évoquera la « sécurité alimentaire ».
Selon l’agence Santé publique France, « plus de 90% de la population adulte » de Guadeloupe et Martinique est contaminée. Le chlordécone est soupçonné d’être responsable d’une explosion des cancers de la prostate. Élus et population dénoncent ce scandale sanitaire qui a fait l’objet de trois plans de prévention (le dernier court de 2014 à 2020). « C’est un aveuglement collectif d’une période où on était moins vigilant qu’aujourd’hui », a reconnu l’Elysée.
A Fort-de-France, le chef de l’État évoquera aussi la redynamisation du centre-ville, avec une déambulation programmée. Il ira également à Saint-Pierre (nord), ancienne capitale de la Martinique détruite par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902.

En Guadeloupe, le chef de l’État évoquera un autre sujet sensible, les sargasses. Ces algues brunes nauséabondes et toxiques prolifèrent sur les rivages antillais et dégagent, en séchant, de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac qui provoquent maux de tête, nausées et vomissements. Le président se rendra vendredi à Goyave afin de voir comment se décline le plan Sargasses annoncé en juin par l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
Emmanuel Macron abordera également, aux Abymes, le problème de la distribution d’eau. Une grande partie des Guadeloupéens n’ont pas d’eau potable tous les jours en raison de la vétusté des canalisations. En janvier, État et collectivités ont conclu un plan d’urgence de 71 millions d’euros, destiné à réduire les coupures d’eau d’ici deux ans.

Avec AFP