Emmanuel Macron s’est rendu ce jeudi matin dans le quartier des Camélias ©Zinfos974
Attendu sur les questions de l’emploi et de la vie chère au deuxième jour de son déplacement à La Réunion, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé un plan de 20 actions l’emploi, ce jeudi en début de soirée, depuis la mission locale de Saint-Paul.
700 millions d’euros sur trois ans, a annoncé le chef de l’État, après avoir échanger avec 11 demandeurs d’emplois réunionnais, dont 4 de moins de 26 ans et 2 reconnus travailleurs handicapés, précise le site Zinfos974. « Il y a un dicton créole qui dit : Pa kapab’ lé mor san essayé. Et nous, nous voulons essayer ensemble de créer de l’emploi », a déclaré Emmanuel Macron, en introduction de son discours.
« Beaucoup de nos jeunes qui se disent que l’accès à l’emploi n’est plus fait pour eux. L’avenir de La Réunion passe par un réengagement, quel que soit le quartier. Sortir de cet enclavement, et que les entreprises peuvent se dire qu’un jeune qui sort de ce quartier, je peux l’employer », a poursuivi le président de la République.
Parmi les annonces phares de ce plan : 12 000 emplois aidés par an de 2019 à 2022, la formation de 5000 demandeurs d’emploi de plus par an dès 2020, la réforme du RSA qui sera financé par l’État, ou encore, un dispositif « Emploi Réunion » pour « aller chercher ceux qui sont loin de l’emploi ». Ce dernier dispositif passe par une absence de charge pour l’employeur « jusqu’à 2 SMIC », une mesure qui a été votée par l’Assemblée nationale mercredi soir, et un accompagnement de 7500 euros pour un CDD, et 15 000 euros pour un CDI. Autre stratégie avancée en faveur de l’emploi : « Permettre le cumul, dans une limite de durée et de montant, du Rsa et d’une activité saisonnière ou à temps partiel », ajoute Zinfos974.
Le président de la République @EmmanuelMacron s’exprime sur l’emploi et l’insertion professionnelle depuis la mission locale de Saint-Paul à #LaRéunion #VisitePrésidentielle https://t.co/F6NHH2ILTp
— Outremers360 (@outremers360) October 24, 2019
Ce jeudi matin, après une visite surprise dans un quartier de Saint-Denis, il a rencontré les participants à des « représentations citoyennes » mises en place dans le sillage de la crise des « gilets jaunes » qui avait fortement secoué l’île en 2018. « La meilleure manière de répondre à la vie chère, c’est la création d’emplois », leur a-t-il assuré, alors que les Réunionnais attendent du concret. Pendant ce temps-là, près de 500 personnes étaient rassemblées à Saint-Denis en réponse à l’appel de l’intersyndicale à manifester, selon des chiffres de la police cités par l’Élysée. Mais l’appel à la « grève générale » pour dénoncer « la situation sociale » ne semblait pas suivi.
« Tout se tient dans la vie chère : la concurrence, la relance de l’activité, de l’emploi », a estimé Emmanuel Macron lors de son entretien avec les participants aux « représentations citoyennes », et notamment certains qui ont été intégrés dans l’Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR). Rapportant « une aggravation de la situation depuis un an », un « gilet jaune » a estimé que « le problème de la vie chère, on pourra le régler s’il y a les revenus qui suivent ». Applaudissements des Réunionnais présents.
Échanges avec les 50 citoyens réunionnais associés aux travaux de l’Observatoire des prix des marges et revenus et les membres du Conseil consultatif citoyen autour de 4 thématiques: engagement & solidarité ; agriculture & alimentation ; transport & mobilité ; emploi & insertion. pic.twitter.com/yIF20YilQV
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) October 24, 2019
Face à eux, Emmanuel Macron a dit ne pas penser « que la solution puisse être dans la baisse des prix de X produits », soulignant vouloir « donner la possibilité aux citoyens d’avoir un droit d’alerte, en quelque sorte une plateforme de signalement ». Côté emploi, « la réponse qu’on a eue pendant des décennies, c’est de dépenser de l’argent public. Vous avez un problème ? Venez, emploi public. On donnait du Doliprane pour un mal profond. Il faut passer aux antibiotiques », a-t-il lancé, en prônant une « politique pour des emplois durables » et « plus de concurrence ».
Le message était le même lors de la visite surprise en début de journée du quartier rénové des Camélias. Aux habitants qui l’interpellaient, parfois vivement, en se plaignant d’ « injustice sociale », du coût de la vie et du logement, de retraites trop faibles ou du « fléau » de la drogue, Emmanuel Macron a dit vouloir « booster les emplois francs », dispositif visant à favoriser l’embauche de chômeurs des quartiers de la politique de la ville. Il faut aussi « mettre la pression sur les bailleurs » pour contrer la hausse des loyers, continuer de diviser par deux le nombre d’élèves par classe dans les quartiers en difficultés et développer l’enseignement du français pour les enfants qui « ne le parlent pas bien » à leur arrivée à l’école, a-t-il souligné.
« Droit dans ses bottes »
À La Réunion où vivent plus de 850 000 habitants, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est majoré de 7,1% par rapport à la métropole, selon l’Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015).
Le Président Macron après un long échange avec des habitants du quartier des Camélias #MacronLaReunion @Europe1 pic.twitter.com/xsMK0PgVTJ
— Jean-Rémi Baudot (@jrbaudot) October 24, 2019
« Pour l’instant c’est du vent », « Droit dans ses bottes » : les unes des quotidiens locaux étaient circonspectes jeudi matin, après de premières annonces la veille lors d’un forum économique « Choose La Réunion » (« Choisissez La Réunion ») pour renforcer l’attractivité du territoire, avec pour priorités le développement d’infrastructures physiques et numériques, la protection de la biodiversité ou encore la construction d’une filière pêche durable. Mercredi, à son arrivée, des heurts avaient éclaté aux abords de l’aéroport entre manifestants et forces de l’ordre.