Le Président de la République, en déplacement à Mayotte, sur la Grande Glorieuse et à La Réunion, doit dîner mardi 22 octobre avec des militantes, cheffes d’entreprises, et élues mahoraises. Il y rendra un hommage au mouvement dit des « Chatouilleuses », mené par Zéna M’déré, qui ont lutté pour le maintien de l’île dans le giron de la France, alors que les Comores demandaient alors leur indépendance.
Sportives, militantes associatives, cheffes d’entreprise et élues de Mayotte dîneront ce mardi 22 octobre avec le président Emmanuel Macron, l’occasion de se remémorer le mouvement local des « Chatouilleuses », qui défendirent dans les années 1970 le maintien dans la République de l’île de l’océan Indien. Un hommage doit en particulier être rendu à la figure de Zéna M’déré, la cheffe de file des « Chatouilleuses », décédée il y a vingt ans, le 27 octobre 1999. Zéna M’déré a lutté avec bien d’autres femmes pour le maintien de Mayotte au sein de la France, au moment où les trois autres îles de l’archipel des Comores devenaient indépendantes, le 6 juillet 1975.
Des chatouilles pour être entendues
Le transfert, en 1958, de la capitale du territoire français des Comores de Dzaoudzi vers Moroni avait conduit les fonctionnaires mahorais à partir vers la Grande Comore, laissant leurs familles à Mayotte. Sans l’administration coloniale, Dzaoudzi et Mayotte perdaient les principales sources de revenus de l’île.
Faute d’être entendues par les responsables politiques du gouvernement du territoire des Comores, les Mahoraises avaient opté pour un mode d’action original : chaque membre du gouvernement du territoire des Comores en visite à Mayotte se voyait entouré par un commando de dizaines de femmes, et chatouillé jusqu’à ce qu’il se roule par terre et reparte à Moroni humilié.
Un héritage encore aujourd’hui
Aujourd’hui, peu de Serrez-la-main (partisans de l’indépendance) et victimes de ce châtiment témoignent. Mais certains affirment que ces actions ne se limitaient pas qu’aux chatouilles et étaient violentes. « Les Chatouilleuses n’ont jamais tué, elles n’ont jamais lancé de grenades, contrairement à leurs adversaires. Et d’ailleurs, l’une d’entre elles, Zakia Madi, est morte », rétorque Yasmina Aouny, porte-parole des Femmes Leaders de la vie publique, une association se réclamant de cet héritage. « La stratégie de la chatouille était bien pensée, c’était non-violent », ajoute-t-elle. « Aujourd’hui, si les femmes mahoraises vont à l’école, si elles sont devenues autonomes financièrement, c’est grâce aux Chatouilleuses, nous leur sommes toutes redevables ».