Ils étaient nombreux, ce samedi, à venir assister au Congrès du Tahoeraa Huira’atira, parti politique de Gaston Flosse, en Polynésie française. L’évènement a permis d’élire le président du parti et, sans surprise, Gaston Flosse succède à lui-même.
La tendance était au orange, ce samedi, sur le site de Vaitupa dans la ville de Faaa, « la seule qui a bien voulu accueillir le Congrès du Tahoeraa Huira’atira », déclarait Gaston Flosse sur les antennes de Polynésie 1ère dimanche dernier. Ils étaient 6000 à venir élire leur président, un pari réussi selon Tahiti-infos. Du côté des réseaux sociaux, certains se demandent déjà quels moyens a mis le parti pour réunir autant de monde… Sans surprise, Gaston Flosse remporte l’issue de l’élection. Une revanche pour celui qui a été écarté du pouvoir en 2014, suite à sa condamnation et la perte de ses droits civiques dans l’affaire des emplois fictifs de la présidence. Remplacé par son « éternel dauphin » et aujourd’hui ennemi politique, Edouard Fritch, le « Vieux Lion » n’a pas mâché ses mots envers celui en qui il « avait confiance ». La rupture entre les deux hommes a débuté lorsqu’Edouard Fritch a pris sa succession à la tête du gouvernement de la Polynésie française. Ses prises de libertés et l’ouverture vers l’opposition n’ont pas plu à son mentor. Elle sera officialisée à la démission d’Edouard Fritch du Tahoeraa Huira’atira. Il fondera par la suite son propre parti, le Tapura Huira’atira, majoritairement composé d’anciens flossistes.
Dans une longue tirade, non sans un soupçon d’amertume, le « Vieux Lion » descend son successeur, « j’avais confiance en lui (…). La déception n’en est que plus grande. J’ai eu tord. Je vous le dis, j’en ai souffert ». Mais pas question de gindre, il poursuit, « après 14 mois de pouvoir, nous pouvons dire sans nous tromper, qu’Edouard Fritch est un incapable, un incompétent. Il ne pourra pas sortir notre pays de la crise ». Puis de finir, « notre président est un ventilateur, il brasse de l’air ». Il n’a pas non plus manqué d’épingler le parti d’Edouard Fritch et les élus qui ont quitté récemment le parti orange : Nuihau Laurey, vice-président du gouvernement et Sénateur, Lana Tetuanui, Sénatrice ou encore les députés UDI Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva, tous y sont passés. Gaston Flosse a la dent dure, son grand retour de 2013 avait prouvé que son assise électorale restait solide. Edouard Fritch, qui se lancera pour la première fois en tête de liste et chef de parti saura-t-il en faire autant ?
Chaque chose en son temps. Pendant que l’actuel président du gouvernement s’active à montrer des résultats, l’ancien prépare sa campagne. Avant les territoriales de 2018, il y aura les présidentielles et législatives de 2017. Pour Gaston Flosse, ennuyé par la Justice depuis sa défaite de 2004, hors de question d’apporter son soutien à Nicolas Sarkozy, désigné comme un des grands responsables de toutes ces affaires. Ce sera Juppé, « le meilleur d’entre nous ». Rien de surprenant pour ce grand ami de Jacques Chirac. Le parti penche également sur son nouveau programme qui sera abordé lors d’un autre Congrès prévu en 2016. L’occasion aussi de chasser sur les terres des indépendantistes, puisque Gaston Flosse souhaite proposer un nouveau statut : celui de Pays associé au sein de la République. En attendant, le Tahoeraa Huira’atira est remonté à bloc, prêt à en découdre avec « les traitres » qui ont quitté le navire orange. Sauf que, Gaston Flosse n’en a pas fini avec la justice. En février 2016, l’affaire du Service études et documentation (SED) pourrait lui valoir une peine de « trois voir quatre d’inéligibilité », et donc l’impossibilité pour le « Vieux Lion » de se représenter en 2018.