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Dans un mois, les Calédoniens voteront pour des élections provinciales, un scrutin déterminant que les indépendantistes espèrent remporter dans la perspective des deux prochains référendums sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie en 2020 et 2022.
Le 12 mai, les électeurs renouvelleront les conseillers des trois provinces – Sud (40 élus), Nord (22 élus) et Iles Loyauté (14 élus). 54 d’entre eux siègeront également à l’échelle territoriale au Congrès, qui devra ensuite élire un nouveau gouvernement collégial. « Ces élections vont marquer une étape supplémentaire dans la marche pour la souveraineté de notre pays. Quoiqu’on en dise, l’indépendance de notre pays est inéluctable », affirme Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement et candidat indépendantiste (Union Calédonienne-FLNKS) dans la province Nord. « On veut changer le pays et insuffler une nouvelle dynamique pour le peuple calédonien », poursuit-il.
Pour y parvenir, les indépendantistes du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) entendent surfer sur la dynamique, qui leur a permis de rassembler 43,3% des voix lors du référendum d’autodétermination du 4 novembre 2018, alors que sondages et droite loyaliste leur prédisaient une dérouillée à 30% ou moins. Cette défaite vécue comme une victoire a convaincu les indépendantistes de faire du scrutin du 12 mai « un tremplin » pour les deux autres référendums prévus par l’Accord de Nouméa (1998), qui organise la décolonisation progressive de l’archipel.
Majeur, l’enjeu de cette dernière mandature (2019-2024) de l’accord de Nouméa réside dans la responsabilité qu’auront les élus à définir avec l’État les contours du futur statut : indépendance avec partenariat pour les uns, autonomie élargie dans la République, pour les autres. Le vote est réservé à un corps électoral restreint à gros traits aux personnes présentes en Nouvelle-Calédonie de manière continue depuis au moins novembre 1998. Actuellement, la droite non indépendantiste, désunie, dispose d’une majorité de 29 élus sur 54 au Congrès, et contrôle le gouvernement. Membre du parti de droite modérée Calédonie Ensemble, Philippe Germain préside l’exécutif.
A l’exception d’une courte période au début des années 1980, les indépendantistes n’ont jamais été aux commandes de l’archipel. En revanche, ils dirigent les provinces du nord et des îles Loyauté, à dominante kanak, tandis que la province sud, qui concentre 75% de la population et des richesses, est aux mains de la droite.
« Unité totale »
Pour gagner du terrain, le FLNKS mise sur « l’unité totale » entre ses formations. Le pari a été gagné dans le Sud où le FLNKS présente une liste unitaire. Mais dans le Nord et les Loyauté, l’Union Calédonienne et l’UNI-Palika, les principales composantes du FLNKS, font liste à part. « C’est une stratégie pour ratisser plus large », expliquent les dirigeants, qui ont conclu une « charte de non-agression » pour la campagne. Dans son camp, le mouvement emblématique de la lutte kanak aura face à lui le Parti Travailliste. Radical et minoritaire, il avait appelé à la « non-participation » au référendum du 4 novembre et s’est brouillé avec le FLNKS, qui lui avait ouvert sa liste du Sud lors des précédentes provinciales de 2014.
A droite, la bataille se jouera entre deux poids lourds : L’Avenir en confiance (mouvance LR) et Calédonie Ensemble. « Le risque d’une majorité indépendantiste n’a jamais été aussi réel », a déclaré Sonia Backès (Républicains calédoniens), tête de liste dans le Sud, mais pour autant, les loyalistes ne renoncent ni aux divisions, ni aux invectives. Dernier épisode en date : les leaders de Calédonie Ensemble accusent Sonia Backès de « dénonciation calomnieuse », considérant qu’elle est à l’origine d’une enquête pour soupçons d’emplois fictifs du parquet de Nouméa qui les vise. Une kyrielle d’autres listes communautaires, écologistes, Rassemblement National ou citoyennes sont en gestation. Les candidats ont jusqu’au 23 avril pour se déclarer officiellement.
Avec AFP.