Élections européennes : Un Amérindien de Guyane sur la liste de Yannick Jadot

Élections européennes : Un Amérindien de Guyane sur la liste de Yannick Jadot

©Guyaweb

C’est une information Ouest-France : Alexis Tiouka, Juriste et amérindien guyanais, a rejoint la liste de l’écologiste Yannick Jadot pour les élections européennes. C’est la première fois qu’un Amérindien de Guyane, peuple autochtone français qui lutte pour la reconnaissance de leurs droits et la protection de leurs terres, se présente aux Européennes. 

« Je suis Kali’na, Amérindien, Guyanais, Français et Européen », revendique Alexis Tiouka, interrogé par Ouest-France. Juriste de formation, Alexis Tiouka a passé sa vie à défendre le droit des peuples autochtones amérindiens, notamment lorsqu’il fut leur représentant à l’ONU lors des discussions sur les droits des peuples autochtones dans les années. Son engagement auprès de Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts pour les Européennes, est « une suite logique » à son « engagement dans le mouvement pour la reconnaissance des droits des Amérindiens de Guyane ». « « Il faut aussi porter sur le devant de la scène européenne la réalité difficile du territoire, les menaces environnementales, sociales et culturelles », dit-il.

« Nous ne sommes jamais arrivés plus haut qu’une vice-présidence de Conseil régional », explique Alexis, ou Aluikawaï qui signifie petit-guerrier. Alexis Tiouka est le premier amérindien de Guyane à se présenter sur une liste européenne. Notons que Maurice Ponga, kanak, est euro-député de droite et que la France reconnait devant l’ONU, depuis 2012, abriter les peuples autochtones kanak, amérindiens, polynésiens et mahorais. Aujourd’hui, le principal combat d’Alexis Tiouka, au côté de Jeunesse Autochtone, est celui qu’il mène contre le projet minier Montagne d’Or. C’est ce qui a, semble-t-il, séduit le candidat Yannick Jadot.

Alexis Tiouka, avec la Jeunesse Autochtone de Guyane ©Valérie Parlan / Ouest-France

Alexis Tiouka, avec la Jeunesse Autochtone de Guyane ©Valérie Parlan / Ouest-France

« Il incarne avec force et expertise cette urgence de protéger le bassin amazonien, sa biodiversité et son patrimoine culturel », dit Yannick Jadot. « L’Europe et ses financements sont très présents » en Guyane, explique encore Alexis Tiouka. « À travers les réglementations environnementales, l’appui à la pêche ou l’agriculture, mais personne ne le sait ! Nous sommes un bout d’Europe en Amérique du Sud avec des voisins puissants comme le Brésil. Les enjeux sont énormes ».

Plaider la cause européenne 

Mais comment fait-on, dans les villages les plus reculés de Guyane, pour plaider la cause européenne ? Un éloignement des réalités du quotidien que souligne justement Ouest-France et Alexis Tiouka. « Il faut concrétiser les choses. Par exemple, dans le village de Camopi où j’ai travaillé, c’est d’expliquer aux habitants que l’eau potable du robinet a été rendue possible grâce à des financements européens », justifie le candidat amérindien. Pour Yannick Jadot, il s’agit aussi de faire la lumière sur l’usage du cyanure dans l’exploitation minière, et la lutte contre son utilisation : « L’interdiction du cyanure, c’est un combat actuel au Parlement. Le développement de nouvelles filières économiques dans ce territoire oublié de la République passera aussi par le soutien de l’Europe », assure Yannick Jadot.

Pour Yannick Jadot et Alexis Tiouka, les élections européennes seront également l’occasion de rappeler que la France a adopté la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies, et que la reconnaissance des Amérindiens manque du soutien de Paris. Un discours également développé dans le Pacifique, tant par les indépendantistes kanak que polynésiens. Concernant les amérindiens guyanais, « rappelons, par exemple, que nous attendons toujours d’avancer sur la rétrocession de 400 000 hectares de terres décidée lors de l’Accord de Guyane suite à la grande mobilisation sociale de 2017 ».