En raison des nombreux cas de fraudes constatés, la commission indépendante de vérification et d’évaluation électorale recommande de rejeter tous les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de l’an dernier et d’organiser un nouveau scrutin.
« Il serait juste et équitable que, au moins au niveau des élections présidentielles, le processus soit repris à zéro » a déclaré François Benoit, le président de la commission indépendante de vérification et d’évaluation électorale. Dans son rapport remis au président intérimaire Jocelerme Privert, l’institution a fait état d’un ensemble d’irrégularités. « Nous avons constaté que la source même de ce qu’on appelle la liste électorale […] n’était pas à jour […] des gens qui avaient disparu de la circulation, de mort naturelle ou bien lors du dernier séisme étaient encore dans les listes électorales », a-t-il poursuivi. Depuis janvier, Haïti est plongée dans une crise politique : le premier tour de la présidentielle a eu lieu le 25 octobre dernier était fortement contesté et le second tour reporté sine die. Jovenel Moïse, le candidat soutenu par Michel Martelly, et Jude Célestin, ancien dirigeant d’une agence gouvernementale, sont arrivés en tête du premier tour. Le Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) de Jovenel Moïse a fait savoir par son porte-parole, Guichard Doré, qu’il rejetait les conclusions de la commission ainsi que sa création en tant que telle.
Désormais, la décision revient au Conseil électoral provisoire qui doit se prononcer sur le prochain calendrier électoral et sur l’applicabilité des recommandations de la Commission. « Nous avons un pays à construire et un héritage à léguer aux futures générations. Nous devons placer les intérêts de la nation au-dessus de nos intérêts de chapelle malgré nos différences », a déclaré Privert comme pour demander à PHTK, sans le citer, d’accepter le rapport de la Commission. La réorganisation complète du scrutin, suggérée par la commission d’évaluation, va nécessiter une dépense exceptionnelle que le pays le plus pauvre de la Caraïbe ne peut assumer seul. Pour la dernière élection présidentielle, un budget de 100 millions de dollars a été financé par la communauté internationale. Mais une autre question se pose : qui succèdera à Jocelerme Privert dont le mandat provisoire s’achève le 14 juin prochain.