© Journal de Mayotte
Selon les premiers résultats provisoires dévoilés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le candidat Azali Assoumani remporte l’élection présidentielle dans l’archipel des Comores. Une victoire qui exprime le souhait d’un besoin réel d’un changement pour la diaspora comorienne présente dans l’Hexagone.
« La victoire d’Azali Assoumani au pouvoir marque la volonté du peuple comorien à retrouver un nouveau souffle », répond Ismaël, un comorien qui vit à Paris. À l’issue d’une élection partielle, le colonel Azali Assoumani est sorti vainqueur dans 12 bureaux sur 13 concernés par le vote selon Nadjahe Allaoui, la vice-présidente de la CENI. Il a obtenu 2.271 voix contre 1.308 pour son rival, le candidat du pouvoir sortant Mohamed Ali Soilihi dit « Mamadou ». Il s’agit de la deuxième fois qu’il occupe la fonction de président de l’archipel des Comores. La première s’était à la faveur d’un putsch entre 1999 et 2006. Un fait dont les Comoriens ne lui tiennent plus rigueur aujourd’hui. «Malgré son putsch, on lui doit la création de l’université des Comores et bien d’autres projets », souligne Ismaël. « Pour la population, il y a des urgences plus importantes à régler » poursuit-il.
L’élection de ce colonel traduit également la rupture du peuple avec la politique actuelle du pouvoir actuel en place. « Mohamed Ali Soilihi dit « Mamadou », candidat du pouvoir sortant est très impopulaire. Il a géré des porte-feuilles ministériels importants, pourtant rien à changer sur le terrain. Les gens ont le sentiment d’être abandonné ». Un sentiment d’espoir partagé par Hed Douani, un quadragénaire originaire de la Grande Île. « C’est une victoire du peuple comorien avant tout. Nous pouvons nous féliciter que ce scrutin se soit déroulé sans gouttes de sang, que l’armée comorienne ait correctement joué son rôle de protecteur de la population. Jamais les Comoriens ont eu la possiblité d’organiser des élections légales. Depuis l’indépendance, il y a toujours des cas de fraudes, des irrégularités », ajoute Hed.
#Comores : vote dans le calme pour une présidentielle partielle sous haute sécurité https://t.co/gX9URslQAB pic.twitter.com/lvCwxtyr6v
— SUNU SITE (@sunusite) 12 mai 2016
Priorités au développement économique et à l’intégrité nationale
Sur ce territoire indépendant depuis 1975, le développement de l’archipel est très lent. Le système de santé, l’accès à l’eau et son assainissement restent précaires. Les infrastructures routières sont peu nombreuses. Le pays fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), 45% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et les Comores figurent au 160e rang sur 188 en termes d’indice de développement humain. Face à ces défis, il existe un besoin profond de changement. « L’élection d’Azali Assoumani suscite une forte espérance. Tant les politiques qui l’ont soutenu que la population, ils attendent beaucoup de ce nouveau président » affirme Ismael.
Selon ce dernier, l’archipel possède tout le potentiel nécessaire pour connaître une croissance fulgurante, notamment avec sa présence dans le Canal du Mozambique, importante réserve d’hydrocarbures. Pour Hed Douani, le pays doit retrouver sa souveraineté nationale. « La situation actuelle des Comoriens à Mayotte illustre la complexité des relations entre l’Union Comorienne et les autres États extérieurs, notamment avec la France. Il est important de marquer notre souhait de voir les Comores se stabiliser en Etat de droit ».
Azali est entrain de battre Mamadou a plus de 60% à Anjouan. Futur président c’est Azali en espérant que les choses changent aux #Comores
— kassim saroumaya (@comorosoldier) 11 mai 2016
Un nouveau cadre des relations franco-comoriennes sur Mayotte
Au niveau diplomatique, la problématique mahoraise est un sujet sensible. De plus, la récente chasse aux étrangers, pour la plupart comoriens à Mayotte est très mal vécue. « La situation est tellement catastrophique aux Comores que les Comoriens se dirigent à Mayotte pour des raisons économiques et non plus pour des raisons familiales ou médicales. Les Comoriens considèrent cela davantage comme une exode rural quand Mayotte parle d’immigration clandestine. Les Comoriens se sont toujours rendus à Mayotte, c’est un mouvement naturel qui dure depuis plus de 2000 ans », poursuit Ismael. S’il est conscient d’un retour de Mayotte sous une autonomie comorienne difficile, il espère néanmoins l’existence d’un nouveau cadre de relations entre la France et les Comores permettant une libre circulation des personnes dans l’archipel. Autant dire que le nouveau président Azali Assoumani aura du pain sur la planche. En attendant, la Cour Constitutionnelle doit valider ces résultats dans les prochains jours et l’investiture du nouveau président est prévue pour le 26 mai.