Les nouveaux membres du 17ème Gouvernement © Niko Vincent/ Congrès de la Nouvelle-Calédonie
L’élection du 17ème gouvernement de la Nouvelle-Calédonie par les élus du Congrès s’est déroulée ce mercredi après-midi à Nouméa, très tôt ce matin à Paris. Une élection rapide qui a tout de même eu sa surprise bien que l’issue soit conforme aux attentes : les indépendantistes sont majoritaires au gouvernement.
C’est une première depuis la création du gouvernement collégial calédonien par l’Accord de Nouméa. Avec six membres sur onze, les deux groupes indépendantistes du Congrès ont la main sur l’exécutif. Si l’élection a été rapide, elle ne fut pas sans surprise puisque le groupe Union nationale pour l’Indépendance (UNI) a reçu deux voix de plus, au détriment de l’autre groupe indépendantiste UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien.
4+1+3+3
Dans le détail, le groupe non indépendantiste l’Avenir en Confiance a fait le plein de ses voix (18) et obtient comme prévu 4 membres au sein du 17ème gouvernement. L’autre groupe non indépendantiste Calédonie Ensemble a aussi fait le plein de ses voix (6) pour obtenir son unique siège au gouvernement. Le groupe UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien a également rassemblé toutes ses voix (16) mais obtient au final trois membres du gouvernement sur les quatre prévus. La raison : la liste de l’UNI a obtenu 14 voix alors que le groupe compte 12 élus, et obtient finalement trois membres au lieu des deux prévus.
Précisons que le Congrès, sur les 54 élus, compte deux élus non-inscrits : Kadrilé Wright, représentante des îles Loyauté et membre du Parti travailliste, et Nicolas Metzdorf, jeune maire de La Foa, fondateur du parti Générations NC et proche des partis loyalistes de l’Avenir en Confiance. Vraisemblablement, Kadrilé Wright aurait apporté sa voix à la liste de l’UNI. La seconde voix supplémentaire à la liste de l’UNI pourrait être celle de Nicolas Metzdorf ou celle d’un élu de l’Avenir en Confiance, dans le cas où Nicolas Metzdorf a voté pour la liste Avenir en Confiance.
Deux conséquences
La première : les deux groupes indépendantistes arrivent finalement à égalité parfaite au gouvernement avec trois membres chacun. Il faudra donc pour les deux groupes indépendantistes se mettre d’accord sur le nom d’un candidat pour la présidence du gouvernement. Le vote, à huis clos, se joue actuellement et peut durer plusieurs heures, voire plusieurs jours. Mais le temps presse puisque la Nouvelle-Calédonie n’a pas encore de budget 2021 et l’avenir de l’usine de Vale NC reste en suspens. Deux noms circulent : Samuel Hnepeune, tête de liste de l’UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien, issu de la société civile, grand patron et premier kanak président du Medef, ou Louis Mapou, tête de liste de l’UNI.
La seconde : le membre du jeune parti wallisien l’Éveil océanien, en 4ème position sur la liste UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien, a finalement été évincé du 17ème gouvernement. C’est un coup dur pour ce parti considéré comme « faiseur de roi », qui avait apporté son soutien, à la fois aux non indépendantistes à la province Sud et au précédent gouvernement, et à la fois aux indépendantistes au Congrès, en faisant élire par deux fois Rock Wamytan. Pour Milakulo Tukumuli, fondateur de l’Éveil océanien, pas de doute : la 14ème voix apportée à l’UNI est une sanction des non indépendantistes de l’Avenir en Confiance et Nicolas Metzdorf à son encontre.
Milakulo Tukumuli s’est dit « déçu par l’attitude des loyalistes » mais pas « surpris ». En effet, le professeur de mathématiques avait prévu cette option. « C’est l’arithmétique institutionnelle », constate-t-il, confirmant qu’une voix loyaliste a bel et bien été apportée à la liste UNI. « Ça nous élimine d’office de la liste UC-FLNKS » et « les loyalistes permettent (…) un gouvernement réellement aux mains des indépendantistes » poursuit l’élu wallisien qui a toujours revendiqué son indépendance de la bipolarisation politique calédonienne, malgré que son parti ait rejoint, en juillet dernier, le groupe UC-FLNKS et Nationalistes.
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Reste désormais aux membres élus du gouvernement de se mettre d’accord, notamment pour les indépendantistes, sur le nom d’un président qui sera à son tour élu au scrutin majoritaire. Si effectivement le gouvernement est majoritairement indépendantiste, l’UC-FLNKS et l’UNI défendent chacun leur candidat : respectivement Samuel Hnepeune et Louis Mapou.
Jean Faatau