Egalité réelle en Outre-mer – Commémoration de l’esclavage: « il faut porter le débat sur la place publique », estime Serge Romana

Egalité réelle en Outre-mer – Commémoration de l’esclavage: « il faut porter le débat sur la place publique », estime Serge Romana

Serge Romana, au centre de la photo, entame une grève de la faim devant le Sénat ©Outremers360

Vendredi 13 janvier à Paris, Serge Romana, Président du CM98, a entamé sa grève de la faim devant le Sénat. Les raisons ? Le retrait de l’article 20A de la loi Egalité réelle en Outre-mer portant sur l’officialisation du 10 mai comme « date nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage » et du 23 Mai comme « journée nationale d’hommage aux victimes de l’esclavage ».

« Il faut porter le débat sur la place publique » déclare Serge Romana, dont la motivation est restée intacte malgré le froid qui s’abat sur la Capitale. Depuis ce matin, le Président du CM 98 (qui tient son nom de la marche du 23 mai 1998), s’est installé devant le Sénat, entamant une grève de la faim pour dénoncer le retrait de l’article 20A de la loi Egalité réelle, qui officialise le 10 mai comme date de « commémoration de l’abolition de l’esclavage » et du 23 mai comme « journée nationale d’hommage aux victimes de l’esclavage ».

Malgré le froid qui s'est abattu sur la capitale, Serge Romana n'abandonnera pas ©Outremers360

Malgré le froid qui s’est abattu sur la capitale, Serge Romana n’abandonnera pas ©Outremers360

Jusqu’ici, l’esclavage et son abolition sont officiellement commémorés en Outre-mer -Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion- et à des dates qui diffèrent selon les territoires: le 27 avril à Mayotte; le 22 mai en Martinique; le 27 mai en Guadeloupe; le 27 mai à Saint-Martin; le 10 juin en Guyane; le 9 octobre à Saint-Barthélémy et le 20 décembre à la Réunion. La date de commémoration du 10 mai existe au niveau national sous l’intitulée « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ». Elle a été instaurée par Jacques Chirac en 2006 et correspond à la date d’adoption de la loi Taubira « reconnaissant la traite négrière transatlantique et l’esclavage », le 10 mai 2001.

Néanmoins, la date du 23 mai n’est pas officielle, et c’est là tout l’enjeu de l’action de Serge Romana en faveur de l’article 20A. Cette deuxième date correspond à l’abolition de l’esclavage en 1848 ainsi qu’à la marche silencieuse du 23 mai 1998 aboutissant à la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’Humanité. Pour Serge Romana, c’est surtout la façon dont cet article a été supprimé, le 11 janvier par la commission sénatoriale des Lois, qui blesse. « D’un coup de stylo on vient rayer un travail de 20 ans ! » s’indigne-t-il, « tout ça pour défendre des intérêts personnels et particuliers ».

Emmanuel Gordien, premier Vice-président du CM 98 et Eric de Lucy (de dos) accompagnent Serge Romana dans cette action personnelle et engagée ©Outremers360

Emmanuel Gordien, premier Vice-président du CM 98 et Eric de Lucy (de dos) accompagnent Serge Romana dans cette action personnelle et engagée ©Outremers360

Serge Romana n’est pas seul dans son combat, il est entouré par ses frères de lutte les plus proches, dont Eric de Lucy et Emmanuel Gordien, premier Vice-président du CM 98. Dans la journée, quelques membres du CM 98 lui enverront une tente et de quoi se réchauffer. On attend en effet jusqu’à -5° C à Paris la semaine prochaine. Chaque soir à 19h, le CM 98 organisera un « temps fort ». En attendant, Serge Romana compte mener son combat à terme, jusqu’au 17 janvier, date à laquelle la loi Egalité réelle sera examinée au Sénat.