L’avenir de l’école calédonienne vient de franchir une étape importante, selon nos confrères de Ncpresse. Voté par le gouvernement à la quasi-unanimité, 10 voix sur 11, le projet éducatif doit maintenant passer devant le Congrès, à la rentrée 2016.
La Nouvelle-Calédonie est en bonne marche pour se doter d’un système éducatif qui lui ressemble, même si l’Etat gardera sa prérogative sur la délivrance des diplômes et le programme secondaire. Issu d’une démarche collaborative, le projet de délibération devant instaurer le cadre juridique du projet éducatif calédonien définit un « cap ambitieux » visant à « donner une place plus importante aux cultures dont les élèves sont porteurs et renforcer le sens civique et moral », a précisé Hélène Iékawé, chargée de l’enseignement au gouvernement. Le préambule du projet évoque « une école adaptée aux réalités du pays, qui prend en compte l’héritage historique » de la Nouvelle-Calédonie, soulignant également la « dimension plurielle de l’école » afin de reconnaître les différences. D’une trentaine d’article, le projet de délibération fixe trois objectifs : 100% de réussite au DNB, 75% de réussite au baccalauréat en 2020 et 40% d’une classe d’âge doit parvenir à un niveau universitaire de Licence (ou niveau III) d’ici 2025.
Les contributeurs du projet, largement issus de la communauté éducative, identifient plusieurs actions. Des groupes de travail vont déjà définir les moyens nécessaires pour chacune d’entre elles car le deuxième temps fort sera effectivement ce plan d’action adopté et appliqué à l’horizon 2016-2017. Ce projet éducatif s’inscrit clairement dans la continuité des Accords de Matignon rebaptisés Accords de Nouméa. Le but étant d’instaurer une égalité face à l’éducation pour tous les élèves, qu’ils soient Kanaks ou originaires de l’Hexagone. Interrogé par France 2, l’homme d’affaires et kanak Samuel Hnepeune, aujourd’hui PDG d’Air Calédonie, confie, « quand j’ai mon bac en 1982, on était dix. En 2013, il y eu près de 180 jeunes kanaks qui ont passé le bac ». Issu d’un milieu modeste, lui-même n’aurait jamais cru être à la tête d’une entreprise employant 300 personnes. Mais pour faire émerger « une élite kanak », des efforts restent à faire. Le décrochage scolaire en Nouvelle-Calédonie touche spécialement les jeunes kanaks et ceux-là ont six fois moins de chance de réussir au Bac que les autres Calédoniens.
Ce projet éducatif, qui veut donc faire émerger une éducation en rapport aux spécificités calédoniennes et une élite kanak fait écho à « l’Océanisation » des cadres promus en son temps par le premier député tahitien Pouvanaa a Oopa et plus tard par Oscar Temaru, leader indépendantiste de la Polynésie et proche de Jean-Marie Tjibaou. Lui, fut un des acteurs des Accords de Matignon et chef de file indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.