©Présidence de la Polynésie
« Programme d’actions CAP 2025, refondation de l’économie polynésienne à horizon 2030, et enfin, ambition du gouvernement pour la préservation du Pays des risques climatiques et sanitaires pour 2040 », tels sont les trois axes du plan de relance présenté ce mardi par l’exécutif local.
Le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, son Vice-président Teva Rohfritsch, et une dizaine de ministres du gouvernement local ont présenté ce plan, moyennant 216 mesures « nouvelles ou déjà sur la table, mêlant réformes sectorielles, soutien à l’emploi ou aux comptes sociaux », précise nos partenaires de Radio 1 Tahiti. Pour le président, ce plan de relance doit « permettre à chacun de nos concitoyens, et à chacune de nos entreprises, de passer, dans les meilleures conditions possibles, ce cap difficile et d’envisager l’avenir avec confiance et détermination ».
Plus en détail, le plan de relance polynésien « s’articule autour de deux idées fortes » : « soutenir l’économie et l’emploi, pour limiter les effets négatifs de la crise sanitaire et ainsi créer les conditions favorables à une reprise rapide de l’activité » ; et « renforcer la solidarité envers tous ceux qui souffrent afin de préserver les équilibres sociaux ». « Ce plan comporte plus de 200 mesures, dont la moitié correspond à l’accélération de la commande publique, et représente une dépense annuelle spécifique de plus de 30 milliards de FCFP (251,4 millions d’euros) », a également précisé Édouard Fritch, laissant toutefois les détails à son Vice-président.
Sa présentation coïncide néanmoins avec une reprise de l’épidémie en Polynésie. « J’aurai bien entendu préféré qu’il n’y ait pas de rebond épidémique », a regretté Édouard Fritch. « Cela aurait sans doute apporté plus de sérénité à notre volonté de redresser notre pays ». Édouard Fritch a également confié son « amertume », alors que plusieurs syndicats « viennent, aujourd’hui, perturber l’ambiance sociale à un moment où notre Pays a besoin d’unité et de confiance ». « Pourquoi faire grève, pourquoi brandir une menace sociale à un moment où tout est fragile, à un moment où les emplois sont menacés ? ».
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Pour le vice-président Teva Rohfritsch, ce plan doit « « impliquer chaque secteur » et donc être développé par chaque ministre, sans toutefois rentrer dans le détail de ces 216 mesures du « Cap 2025 ». Selon Radio 1 Tahiti, beaucoup d’entre elles ont déjà été annoncées, votées ou mises en application ces derniers mois, pendant ou même avant la crise. Ce plan de relance consiste donc surtout en une mise en cohérence de ces actions et une « priorisation » de certaines mesures. On annonce la prolongation et le renforcement de certains dispositifs votés lors du plan de sauvegarde économique en mars dernier.
Ainsi, le dispositif « Diese » visant à compenser en partie l’absence d’aide au chômage en Polynésie, sera rehaussé à 70% du salaire dans la limite de deux Smig. Le Deseti, orienté vers les patentés, passera de 50 000 (419 euros) à 70 000 francs (587 euros) entre 2020 et 2021, et le CSE sera lui aussi « déployé » plus largement. S’y ajoutent plusieurs nouvelles mesures destinées à accentuer la formation et l’intégration des jeunes en entreprise, une demande insistante du patronat, poursuit Radio 1 Tahiti. Le gouvernement promet également des hausses de budget pour les bons alimentaires, l’accueil des sans-abris, et un renforcement des allocations logements et rentrée.
Concernant les 30 milliards de FCFP annuels annoncés plus haut par le président de la Polynésie, il s’agit d’une « liste de projets », déjà entamés ou de longue haleines, sensés appuyés la « campagne d’investissement » du gouvernement local. On y retrouve notamment la ferme aquacole de l’atoll de Hao (archipel des Tuamotu), et la totalité de cette liste représente un investissement de 119 milliards de FCFP (près d’1 milliard d’euros). Cette commande publique sera facilitée « par un assouplissement des règles de marché » : « Moins de délais, mais pas moins de transparence » a insisté Teva Rohfritsch.
Elle vise clairement pour la Polynésie à reconquérir les 80 à 100 milliards de francs de perte de PIB estimés pour 2020 dans les 5 prochaines années, entre 670,4 et 838 millions d’euros. « Pour avancer, il faut avoir un projet, un plan d’action, le voilà », insiste le vice-président qui rappelle que « derrière les chiffres il y a des gens, des familles polynésiennes ». Le gouvernement estime toujours que 20 000 emplois sont « fragilisés » par la crise, quand la CPS compte 9 000 équivalents temps plein en moins, correspondant en partie aux baisses de temps de travail dans le transport ou le tourisme. Le Pays ajoute que « 3 000 emplois risquent d’être supprimés d’ici la fin 2020 »
Reste une inconnue : le financement de ce plan. Déjà, la Collectivité d’Outre-mer dispose encore de 92,18 millions d’euros du Prêt garanti par l’État contracté en juillet, pour assurer les dépenses de fonctionnement : mesures sociales, sanitaires, de soutien à l’emploi et aux entreprises chiffrées à près de 174 millions d’euros pour 2020/2021. Les fonds débloqués lors des derniers collectifs et non utilisés – notamment en ce qui concerne le CSE, devraient eux aussi appuyer ce plan Cap 2025. Le reste devra être trouvé dans les rentrées fiscales et les économies budgétaires, précise encore Radio 1 Tahiti.
Parmi les autres pistes : l’État avec son plan de relance qui devrait être bientôt abordé à Paris, le plan de relance européen ou encore, le futur Contrat de développement et de transformation de la Polynésie. On évoque également un recours à la dette, sans toutefois emprunter pour 119 milliards de FCFP, le poids de la liste de projets polynésiens. Un deuxième PGE devrait également être signé en octobre et avoir pour but d’ « effacer tout l’effort de désendettement » de la Polynésie lors de ces dernières années.
Avec Radio 1 Tahiti.