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La députée de Saint-Martin Claire Guion-Firmin a réclamé mercredi à l’assemblée nationale la mise en place d’études statistiques économiques pour relever son territoire, dévasté en septembre par l’ouragan Irma.
« Faute d’études statistiques, Saint-Martin se trouve dans un angle mort des politiques publiques », a-t-elle regretté lors d’une séance de questions sur la politique économique outre-mer, dans le cadre de « la semaine de contrôles » (contrôle du pouvoir exécutif par l’Assemblée). « Les besoins sont ainsi extrêmement difficiles à établir, ce qui empêche de mener une véritable politique économique », a-t-elle ajouté. « Un indice des prix doit être établi, un PIB évalué. Nous n’avons ni le calcul du taux de pauvreté, ni de données relatives au commerce extérieur », a-t-elle rappelé, espérant « la création d’une antenne Insee à St-Martin ».
« A quelques mois d’une nouvelle saison cyclonique que la population appréhende fortement, tout reste à reconstruire sur l’île de Saint-Martin. « L’économie peine à redémarrer, et au mieux, pouvons-nous espérer une reprise du tourisme pour la saison 2019-2020 », a déclaré la députée de la collectivité. Selon elle, « les entreprises sont encore dans l’attente d’expertises des assurances et d’indemnisation. Nous craignons qu’elles ne déposent le bilan et licencient leurs salariés
En décembre 2016, l’ancienne présidente de la Collectivité de Saint-Martin Aline Hanson avait déjà dénoncé ce « manque de statistiques criants », à la suite de la parution d’une première étude économique de l’INSEE sur l’ile. Elle rappelait par ailleurs que Saint-Martin était « la seule RUP (Région ultra-périphérique) d’Europe à ne pas avoir d’Antenne de l’INSEE, alors même que des collectivités comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie disposent d’instituts territoriaux de statistiques et que le voisin Sint-Maarten, qui est un PTOM (Pays et territoire d’Outre-mer), possède lui aussi une antenne ».
Durant son intervention, Claire Guion-Firmin a indiqué que cette carence d’outils d’évaluation fiables risque de nous handicaper encore davantage ». En effet, ces statistiques sont importantes car elles permettent entre autres à la Commission Européenne d’établir ces programmes opérationnels pluriannuels. Elle s’est également interrogée sur « la ventilation » des 49 millions d’euros que la commission européenne propose de débloquer pour Saint-Martin et la Guadeloupe, durement touchés par les ouragans Irma et Maria en septembre 2017, au titre du Fonds de solidarité de l’UE.
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a reconnu que le manque de données statistiques était « une vrai difficulté ». « L’absence de collectes de l’ensemble de ces données est un point noir sur notre accompagnement du territoire », a-elle admis.