©Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Le 21 août, une centaine de personnes – représentantes des partenaires sociaux, des institutions, des banques – se sont retrouvées à la Communauté du Pacifique Sud pour discuter et débattre du bilan économique et des perspectives de relance face à la crise sanitaire du Covid-19. Qu’en est-il ressorti ? Les éclairages de Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie, interrogé par Béryl Ziegler et Actu.nc. 

Comment s’est déroulée la journée ? 

La matinée a été consacrée au bilan des différentes mesures mises en place par le gouvernement et l’État dans le cadre du plan de sauvegarde Covid-19 (fonds de solidarité et prêt garanti État – PGE) et à un point d’étape économique réalisé par les instituts statistiques, que sont l’AFD, l’IEOM et l’ISEE. Celui-ci a montré que la Nouvelle-Calédonie ne s’en sort pas si mal en matière économique même si cela reste compliqué dans certains secteurs comme le tourisme et le transport, avec des chiffres d’emploi à la baisse comme on s’y attendait. L’après-midi a été consacrée à un débat avec les différents partenaires pour obtenir des propositions de relance économique.

Au-delà des échanges, des propositions concrètes de relance ont-elles émergé ?

Des propositions concrètes ont été faites notamment sur la partie des délais de paiement avec la mise en œuvre effective du daily (système d’affacturage, ndlr) inversé, sur la simplification administrative pour débloquer certains chantiers privés. Sur la question de la compétitivité, des salaires, de l’absentéisme, de l’intéressement, on s’est dit qu’il fallait vraiment une discussion entre partenaires sociaux dans un premier temps sur ces questions essentielles au pouvoir d’achat des salariés et à la compétitivité des sociétés.

Donc les partenaires sociaux sont appelés à se voir pour en discuter et faire des propositions au gouvernement. Autre point qui est revenu aussi, c’est la nécessité de construire une véritable stratégie économique pour la Nouvelle-Calédonie. C’était un objectif qu’on avait déjà, qui était de déterminer la priorité de la Nouvelle-Calédonie sur les 5, 10, 15 ou 20 ans en matière de développement durable, de stratégie maritime, de filière numérique. Ces échanges ont été constructifs et sont appelés à se renouveler.

Il y a eu les grands débats Post-Covid, cette table ronde économique… Et maintenant ?

Et maintenant, le gouvernement va faire la synthèse de ces grands débats qui ont permis de tirer des propositions concrètes directement du terrain et des entreprises. Une synthèse de cet après-midi sera également réalisée avec les propositions des différentes forces vives. Puis des mesures de relance seront proposées d’ici 15 jours à 3 semaines par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

S’agit-il toujours de procéder par arrêtés pour une meilleure efficacité ?

Sur la question des charges sociales, où on veut prioriser certains secteurs pour abandonner totalement les charges sociales, nous prévoyons une loi de pays. En revanche, là où on veut avoir de l’agilité dans les mesures, on prendra les textes nécessaires, que ce soit des arrêtés, des délibérations ou des lois de pays. Le but est que ça avance.

Pour financer ces exonérations de charges sociales, il faudra trouver d’autres recettes. Des pistes sont-elles envisagées ?

Il n’y a pas besoin d’avoir de recettes complémentaires car on finance largement l’abandon des charges sociales avec le prêt AFD.

Vous dites qu’on ne s’en sort pas si mal par rapport à d’autres… Pouvez-vous préciser ?

On ne s’en sort pas si mal, mais ce n’est pas simple. L’économie est en décroissance. On a perdu des points de PIB sur la période de confinement. Par contre, on voit que certains indicateurs sont positifs sur les ventes de voitures, les ventes immobilières, la reprise de la consommation où on a enregistré des chiffres de rentrée de TGC corrects par rapport à la situation. La fédération des banques nous disait que les flux monétiques en matière de cartes bancaires sont exactement les mêmes que par le passé.

La situation est compliquée à gérer, mais on ne s’en sort pas si mal. Il y a clairement un effet rattrapage sur certains secteurs. Mais on doit continuer à anticiper certaines mesures pour ne pas avoir de creux. C’est ce qui nous hante du fait de ne pas avoir de fret et une consommation ralentie. Tout cela s’anticipe. C’était le but aujourd’hui. Cette conférence est d’ailleurs appelée à devenir un évènement régulier. On se réunira désormais 2 fois par an pour échanger entre nous sur ces différents sujets.