Annoncée ce lundi par la ministre des Outre-mer, la réforme de l’abattement fiscal prévu dans le budget Outre-mer 2019 ne passe pas auprès de certains parlementaires ultramarins. Les sénateurs Maurice Antiste et Catherine Conconne ainsi que les députés Serge Letchimy et Josette Manin, parlementaires martiniquais, dénoncent une « décision injuste ».
« Le Gouvernement vient de confirmer qu’il porterait cette année un premier coup de boutoir à l’abattement dont bénéficient les citoyens des Outre-mer qui paient l’impôt sur le revenu. Nous tenons à affirmer ici notre ferme opposition à toute tentative de suppression partielle ou totale de ce dispositif d’équité », indique les parlementaires dans un communiqué commun. « Nous voulons rappeler haut et fort que cet abattement n’est pas un cadeau octroyé par l’État français à nos peuples ultra-marins mais une maigre compensation d’un coût trop élevé de la vie qui relègue nombre de nos concitoyens à la misère », poursuivent-ils.
« À l’heure où le Président de la République se targue d’œuvrer en faveur du pouvoir d’achat, les habitants de nos territoires devraient, eux, payer 70 millions d’euros d’impôts supplémentaires ». La ministre des Outre-mer avait indiqué que les 70 millions d’euros récupérés par cette réforme iraient au développement d’infrastructures publiques, entre autres, « au bénéfice des territoires », et seraient additionnés à 100 millions d’euros prévus par la transformation de la TVA non perçue récupérable (NPR).
Une « attaque au pouvoir d’achat »
Mais pour ces parlementaires , « le Gouvernement tente habilement de faire passer cette annonce pour un acte de progrès : les plus riches, nous dit-il, financeront ainsi les investissements structurels qui font défaut à nos pays. Mais n’est-ce pas là le rôle de l’État ? », s’interrogent-ils. « Un État qui a trop longtemps failli à ses responsabilités en laissant en déshérence des pans entiers de nos territoires ». « L’État se défausse à nouveau en faisant supporter par nos concitoyens le poids des investissements qu’il n’a pas faits. Nous ne pouvons accepter cela, c’est pourquoi nous condamnons sans réserve cette décision injuste », concluent-ils. Dans une courte publication sur Facebook, le député de Guyane Gabriel Serville dénonce de son côté « une attaque de plus au pouvoir d’achat des Guyanais ». « On sait donc désormais qui va payer les cadeaux faits aux riches par le Président », poursuit-il.
Ce lundi, Annick Girardin a défendu un budget « en hausse de 20% », grâce notamment à cette réforme de l’abattement fiscal à l’impôt sur le revenu et à la transformation de la TVA NPR. « Désormais, les plafonds sont fixés à 2 300 euros en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion et à 3 900 euros en Guyane et à Mayotte », expliquait-elle face à la presse. Selon le gouvernement, c’est 4% des foyers fiscaux ultramarins qui seront impactés par cette réforme, soit 48 000 foyers fiscaux. Un couple sans enfant, résidant à La Réunion, en Guadeloupe ou en Martinique, déclarant un salaire de 80 000 euros de revenu annuel verra une augmentation annuelle de l’impôt de 800 euros, mais avec un « maintien d’un avantage de plus de 2 000 euros par rapport à l’Hexagone ». « Il y aura un effort qui viendra des territoires d’Outre-mer à destination des territoires d’Outre-mer », a assumé la ministre en précisant que « la participation de 4% du contribuable d’Outre-mer ramènera 70 millions d’euros qui seront redistribués en totalité dans les territoires au bénéfice de routes, d’écoles ».