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Malgré son choix qui l’avait porté vers Edouard Balladur pour l’élection présidentielle de 1995, Dominique Perben, son ministre de l’Outre-mer entre mars 1993 et mai 1995, a entretenu une longue relation avec Jacques Chirac, « plus de quarante ans de vie politique ».
Interrogé sur le décès de l’ancien président, il évoque leur relation passionnée avec l’outre-mer et « le grand moment passé ensemble » quand le premier ministre lui a proposé la rue Oudinot. « C’est le plus beau des ministères, je t’envie », lui avait dit Jacques Chirac, alors maire de Paris.
Dominique Perben avait reçu, à l’hiver 1995, la délicate mission d’une tournée dans le Pacifique destinée à prévenir les pays voisins de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française qu’après l’élection présidentielle, la France reprendrait « quelques essais nucléaires dans la zone ». Mission qui l’avait notamment conduit en Australie et en Nouvelle-Zélande. On se souvient des années difficiles qu’avait provoqué cette campagne d’essais dans les relations diplomatiques françaises dans la région. En Polynésie, cette reprise avait notamment provoqué des émeutes à Papeete, et l’incendie de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a.
Interrogé sur les relations entre Jacques Chirac et Jacques Lafleur qui, à l’époque, avait lui aussi opté pour Edouard Balladur, l’ancien ministre montre quelques regrets: « Jacques Chirac voulait faire quelque chose qui aurait ressemblé à une réconciliation. Jacques Lafleur l’a fait, mais seulement après Ouvéa… ».
Le président de la République se montrait « crispé », voire profondément blessé quand on évoquait ce dossier devant lui. Sur le corps électoral enfin, Dominique Perben évoque « l’hésitation » du président Chirac à faire modifier la constitution. Mais tous deux étaient d’accord pour considérer qu’il fallait trouver une voie pour entamer un rapprochement durale entre les parties.
Par Benoit Saudeau