© AFP Le président de la République, à La Réunion, déjeune avec la présidente du conseil régional et secrétaire d’Etat à la francophonie Margie Sudre en Aout 1997.
« Il laisse un vide énorme ».Très affectée par le décès de l’ancien président, Margie Sudre, secrétaire d’Etat à la Francophonie entre 1995 et 1997 dans le gouvernement Juppé, évoque les relations affectueuses qu’entretenait Jacques Chirac avec son entourage, « qu’il soit modeste ou non », l’empathie et la générosité extrême qu’il « tirait sans doute de son histoire personnelle ».
Députée européenne de 1999 à 2009, «grâce à lui qui ne m’oubliait jamais», Margie Sudre a notamment travaillé avec Jacques Chirac lors de la présidence française du Conseil européen, discutant « dans une totale liberté de parole» du traité de Lisbonne et du référendum qu’il projetait.«Il nous entendait, il ne nous écoutait pas toujours quand nous redoutions devant lui un scrutin catastrophique ».
L’ancienne présidente du Conseil Régional de la Réunion – entre 1993 et 1998 – rappelle que c’est Jacques Chirac qui, sitôt élu, avait dès 1996 aligné le SMIC réunionnais sur celui de la France métropolitaine, alors qu’il n’était encore que de 80%. L’autre grand débat de l’époque portait sur le statut des fonctionnaires. « Même Paul Vergès était d’accord avec nous au sujet des sur-rémunérations. Mais il n’a pas suivi jusqu’au bout».
Margie Sudre rappelle enfin que Jacques Chirac avait été profondément et durablement marqué par les grandes grèves des fonctionnaires en 1995. « Alain Juppé m’avait dit: on sort à peine du mouvement à Paris. On ne peut prendre aucun risque à la Réunion…».
Evoquant enfin la Guyane en proie à l’immigration clandestine, notamment celle des femmes traversant le Maroni pour venir accoucher dans ce département français, l’éventualité d’une suppression du droit du sol avait été évoquée. Mais Jacques Chirac l’avait rejetée: «il n’aimait pas revenir sur une décision généreuse de la France».
A cette affection qu’il montrait au quotidien répondait aussi un caractère bien trempé: «Jacques Chirac avait du mal à pardonner à ceux qui l’avaient trahi». Et Margie Sudre rappelle: «nous n’étions pas si nombreux à le soutenir en 1995…»