Crise sociale en Guyane: Quelques avancées mais les collectifs demandent un « nouveau statut »

Crise sociale en Guyane: Quelques avancées mais les collectifs demandent un « nouveau statut »

©Jody Amiet / AFP

Les négociations entre les collectifs et la ministre des Outre-mer, qui ont duré jusqu’à 3h30 ce dimanche matin, ont permis quelques avancées mais aucun accord n’a été trouvé. L’idée d’un « nouveau statut » se dessine de plus en plus. Les négociations vont reprendre ce dimanche à 11h (heure locale).

A la préfecture de Cayenne, la ministre des Outre-mer a rencontré une cinquantaine de Guyanais pendant 9 heures, entre 18 h 30 et 3 h 30 du matin (entre 23 h 30 et 8 h 30 à Paris), après avoir annoncé, plus tôt dans la journée, plusieurs mesures dont une enveloppe d’1 milliard 85 millions d’euros. Alors que le gouvernement campe sur ses propositions et avait proposé une signature d’un document de 500 pages obtenu après ces 9 heures de négociations, les colllectifs ont refusé « de travailler dans l’urgence », admettant tout de même des avancées dans plusieurs domaines: le foncier, le tourisme, la pêche, la création d’une cité judiciaire à Cayenne et la sécurité malgré un blocage sur la création de plusieurs commissariats. Mais selon Davy Rimane, membre du collectif Pou Lagwiyann dékolé, des problèmes pesistent dans la santé, l’éducation, l’énergie, le social. Faute d’accord, les discussions sont reportées à ce dimanche matin, à 11h.

Samedi, les ministres de l'Intérieur et des Outre-mer ont annoncé plusieurs mesurent qui ne conviennent pas aux collectifs ©AFP

Samedi, les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont annoncé plusieurs mesurent qui ne conviennent pas aux collectifs ©AFP

« Le premier sentiment est qu’on n’a pas été écouté. Beaucoup de choses étaient en réalité déjà actées. Sur les grandes annonces que l’on attendait, cité judiciaire, création de commissariats, surveillance 24 heures sur 24 des fleuves, il n’y a rien », a déclaré Mickaël Mancée, un des leaders des 500 frères. De son côté, Olivier Goudet, porte-parole du mouvement Trop Violàns, a souligné « la question du désenclavement des territoires (…) totalement absente » du plan. « Nous attendions des mesures concrètes, nous ne les avons pas entendues. Concernant la sécurité, les réponses ne sont pas satisfaisantes ».

Mickaël Mancée, un des leaders des 500 frères ©Jody Amiet / AFP

Mickaël Mancée, un des leaders des 500 frères ©Jody Amiet / AFP

Pour le collectif Pou Lagwiyann dékolé (« Pour que la Guyane décolle », en créole guyanais), le gouvernement n’a pas pris la mesure des retards accumulés par la Guyane depuis des décennies, des dettes de l’Etat français à son égard, des besoins urgents à satisfaire et de la force du mouvement qui soulève et unit la population guyanaise à l’occasion de cette mobilisation historique. L’idée d’un « nouveau statut » a été évoqué par le collectif. En effet, le collectif « demande au président de la République et au gouvernement d’entamer les discussions avec la société guyanaise afin d’ouvrir un débat clair, transparent, visant à doter notre pays, trop éloigné des centres de décisions hexagonaux, un statut particulier pour la Guyane », a déclaré Davy Rimane.

Les ministres ont tenu un point presse samedi après-midi, après l'annonce de l'enveloppe d'1 milliard d'euros ©Jody Amiet / AFP

Les ministres ont tenu un point presse samedi après-midi, après l’annonce de l’enveloppe d’1 milliard d’euros ©Jody Amiet / AFP

Davy Rimane a justifié cette exigence par la volonté de se débarrasser d’un lien « trop centralisé et vertical avec Paris », qui empêche la Guyane « d’avancer ». Un référendum sur l’autonomie de la Guyane s’était tenu en 2010. Le « non » l’avait largement emporté. « Mais cette crise est l’expression de l’échec de ce référendum », a observé Gauthier Horth, un autre membre du collectif. « Le cadre réglementaire n’est pas du tout en adéquation avec la réalité guyanaise ». La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts devrait rejoindre Paris au plus tard lundi, afin de rendre compte de la situation au Premier ministre. Le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, avait déjà rejoint Paris samedi après-midi.