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La mission interministérielle mandatée par Bernard Cazeneuve est partie ce samedi pour la Guyane, après avoir rencontré la Ministre des Outre-mer. Ericka Bareigts insiste sur la nécessité de nouer le dialogue et prône l’apaisement. À Cayenne, cette réponse gouvernementale ne fait pas l’unanimité.
A Paris, l’Etat met en avant la connaissance et l’expertise de la Guyane des membres de cette mission interministérielle. Trois membres de cette mission dont Jean-François Cordet qui a été préfet de Guyane de 1992 à 1995, Joël Barre dirigea le centre spatial guyanais de 2007 à 2012 et Lambert Lucas a été le patron de la gendarmerie de Guyane de 2013 à 2016. Après avoir reçu sa lettre de mission, Jean-François Cordet reconnaît que la discussion va être compliquée mais se dit déterminé « à écouter, recevoir, et on verra comment traiter les différents problèmes ».
©Propos recueillis par François Thomas
La ministre des Outre-mer défend sa position de suivre le dossier de la crise sociale en Guyane. « Je suis en lien, en étroit avec le Premier Ministre, au téléphone régulièrement pour que nous soyons toujours au même niveau d’information, que nous puissions échanger et que nous arrêtions ensemble la marche à tenir, qu’au fil du temps, nous puissions prendre les décisions utiles ».
Ericka Bareigts et Bernard Cazeneuve ont prôné chacun ce samedi l’apaisement pour faire avancer la discussion, le travail. « Nous voulons continuer le travail dans le dialogue, dans la co-construction. C’est la méthode que nous avons utilisée depuis le départ. Il faut continuer là-dessous dans l’intérêt de la Guyane » a déclaré Ericka Bareigts.
« Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s’engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible », a souligné le chef du gouvernement, qui a décidé vendredi l’envoi dans ce territoire ultramarin d’une « mission interministérielle de haut niveau » afin de « nouer un dialogue constructif et apaisé ». « Je suis aussi très attaché à ce qu’en Guyane, comme partout ailleurs sur le territoire national, ce soit le respect et la concertation qui prévalent sur toutes les formes de violences », a encore déclaré Bernard Cazeneuve.
© Propos recueillis par François Thomas
En signe de solidarité, plusieurs associations guyanaises à Paris se sont rassemblées pour marquer leur soutien avec la crise sociale qui se déroule dans leur pays.
La venue de la mission interministérielle ne semble pas convaincre pas les collectifs et les élus
« C’est une réponse qui n’est pas satisfaisante. Je déplore que la Ministre des Outre-mer, que je respecte dans ses fonctions, n’ait pas dénié interrompre sa visite à la Réunion pour prendre conscience de l’enjeu et de l’intérêt de ce qui se passe en Guyane. La Guyane est entrée dans la voie du marronnage et espère que la France va écouter une fois pour toutes ses doléances.Je considère que c’est un mépris à l’encontre des élus de la Guyane » déclare Rodolphe Alexandre, le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane.
Même son de cloche pour les collectifs mobilisés qui ont également annoncé qu’ils n’iraient pas à la rencontre des membres de la mission interministérielle. Le Collectif « Sauvons la Guyane » qui regroupe les représentants de la société civile, des syndicaux patronaux et de salariés, dans une lettre adressée au Président de la République, demande que ce dernier de dépêcher « les Ministres concernés possédant l’autorité et la capacité à décider, afin qu’au terme d’un dialogue ouvert et constructif, des mesures urgentes, efficaces et engageant l’Etat puissent être enfin prises. »
Le sénateur Antoine Karam a aussi prévenu : « Si la délégation n’est pas conduite par au moins un ministre de la République, comme tout le monde le réclame depuis des jours, ça ne m’intéresse pas. »
Les maires de Guyane se sont rassemblés à Kourou pour une réunion extraordinaire sur la position à adopter. A l’unanimité, ils ont déclaré qu’ils refuseront de rencontrer la mission interministérielle et souhaitent la venue des ministres du Gouvernement y compris Bernard Cazeneuve. «Ils connaissent déjà les problèmes qui existent en Guyane, nous voulons aujourd’hui des réponses concrètes, signées en Guyane », a conclut David Riché le président de l’Assocation des Maires de Guyane.
Encadré : Les candidats à l’élection présidentielle réagissent
Plusieurs candidats en lice pour l’élection présidentielle se sont exprimés sur Twitter concernant la situation en Guyane. Marine Le Pen, candidate du Front National parle « d’une perte d’autorité et du mépris du gouvernement envers de l’Outre-mer ». Le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon indique que « la colère et la souffrance de la Guyane doivent être entendues »
Les graves troubles qui agitent la #Guyane révèlent la perte d’autorité du gouvernement comme son mépris pour l’Outre-Mer. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 25 mars 2017
La #Guyane, c’est la France ! Sa souffrance et sa colère doivent être entendues !
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 25 mars 2017
J’entends la colère des Guyanais. J’appelle au calme. Rattrapons le retard et apportons les réponses nécessaires ! Ansam nou ke rive
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 25 mars 2017