Covid-19 en Outre-mer : La délégation sénatoriale tire la sonnette d’alarme

Covid-19 en Outre-mer : La délégation sénatoriale tire la sonnette d’alarme

« Après la vague épidémique, les Outre-Mer se préparent à affronter un véritable tsunami économique », c’est le bilan tiré par la délégation sénatoriale aux outre-mer, réunie jeudi 9 avril à Paris.

La Délégation sénatoriale aux outre-mer s’est réunie hier afin d’échanger sur la situation sanitaire des territoires ultramarins, notamment l’impact de l’épidémie sur des économies déjà très fragilisées. Une première réunion depuis le 16 mars dernier afin « d’aborder les réalités du confinement dans un contexte de crise sanitaire s’ajoutant, dans certaines collectivités ultramarines, à d’autres difficultés préexistantes ». Une gestion de crise d’autant plus compliquée par l’éloignement des centres administratifs.

Malgré des mesures de précaution très strictes déjà adoptées dans leurs territoires, les sénateurs ont exprimé de vives inquiétudes face à la vague épidémique qui s’annonce, à retardement de quelques semaines par rapport à l’Hexagone.

« Alors que le Gouvernement a déployé des renforts humains et matériels au cours des dernières semaines, notamment l’envoi de deux porte-hélicoptères dont l’un est arrivé dans l’océan Indien, les sénateurs ont déploré des pénuries en matière d’équipements médicaux (lits en services de réanimation), de moyens matériels (gel hydroalcoolique, masques, surblouses, appareils de ventilation) et de personnels soignants », indique le communiqué.

À Mayotte, Abdallah Hassani (La République en marche, Mayotte) a alerté sur « la menace d’une grave crise alimentaire d’ici une à deux semaines », en raison de la fermeture des commerces, de l’absence de possibilité de stockage et du taux de pauvreté. 84% de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté, dans des habitats précaires, sans eau courante, ni électricité.

À Wallis et Futuna, seule collectivité encore épargnée par le covid-19, Robert Laufoaulu (Les Indépendants-République et Territoires, Îles Wallis et Futuna) a notamment fait état de « la difficulté de connaître la réalité des lits de réanimation, ceux réellement opérationnels, et des craintes liées à la forte prévalence dans la population des cas de diabète ou d’obésité ».

À Saint-Martin, Guillaume Arnell (Rassemblement démocratique social et européen, Saint-Martin) a souligné « les problèmes d’approvisionnement, y compris des pharmacies, et de livraison des masques pourtant commandés par les autorités locales ».

À Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Artano (Rassemblement démocratique social et européen, Saint-Pierre-et-Miquelon), a précisé que la collectivité a dû adopter « des mesures draconiennes notamment du fait qu’elle ne dispose que de quatre respirateurs pour faire face aux cas les plus difficiles. »

À Saint-Barthélemy, l’élaboration actuelle d’un projet de déconfinement anticipé s’appuyant sur la généralisation des tests de dépistage à l’ensemble de la population a été évoqué par Michel Magras (Les Républicains, Saint-Barthélemy).

Enfin, le président de la délégation s’est engagé auprès de ses collègues à « être leur porte-parole auprès des autorités gouvernementales en raison de l’impérieuse nécessité de contextualiser les mesures » et en vue d’apporter les solutions les plus adaptées à la diversité et à l’évolution de la situation de chaque territoire.

À l’issue de ces échanges, la délégation a annoncé le lancement d’une étude sur l’urgence économique en Outre-mer. Les contours de cette étude seront dévoilés ces prochains jours. Aussi, la délégation a statué sur une réunion hebdomadaire, chaque jeudi.

 Amélie Rigollet.