Covid-19- Annick Girardin : « Il n’y a pas d’impréparation Outre-mer»

Covid-19- Annick Girardin : « Il n’y a pas d’impréparation Outre-mer»

© Capture d’écran La 1ere

La ministre des Outre-mer Annick Girardin était l’invitée d’une édition spéciale sur le réseau La 1ère. En direct depuis le ministère, elle en a fait le  point sur la lutte et les mesures  mises en place contre le covid-19 dans l’ensemble des  Outre-mer. 

Voici les grands thèmes abordés par la ministre :

 Sur les renforts annoncés par le gouvernement 

Le Mistral, porte-hélicoptères dont la venue a été annoncée la semaine dernière par le Président, est actuellement aux Maldives et sera équipé à La Réunion « pour apporter des réponses judicieuses aux besoins exprimés dans les territoires ». Dans l’Atlantique , pour le Antilles Guyane sera equipeéà partir de la Méditerranée et qui quittera son port le 3 Avril. L’Armée est mobilisée partout ajoute la ministre. Dans l’Océan Pacifique comme ailleurs ce sont aussi des moyens aériens!

« Il y a des décisions qui sont nationales, mais ce qui est important pour moi, c’est qu’on laisse aux préfets une liberté d’adaptation, sur les territoires », a souligné Annick Girardin.
Une quatorzaine stricte de confinement

« Ce mois d’avance sur la métropole est extrêmement important. Nous avons un temps d’anticipation qui est supérieur à celui que nous avons actuellement dans l’Hexagone », a-t-elle poursuivi à propos du confinement. Un confinement qui selon la ministre, « peut aujourd’hui porter des premiers résultats. Il faut continuer, il faut rester confiné ».

« On a limité le nombre de vols, ou interrompus, vers les territoires d’outre-mer » rappelle-t-elle. « J’ai assuré une continuité territoriale pour les médicaments, les masques, les respirateurs ou tout autre produit indispensable. Ca pourra aller jusqu’à une continuité aérienne via des avions militaires ».

Sur les moyens déployés , »il faut mettre en place des doctrines différentes de l »hexagone » , indique Annick Girardin 

« On s’organise, en mobilisant des lits supplémentaires : à Mayotte on va passer de 16 lits à 50 lits, en Guyane de 29 à 40, à La Réunion de 111 lits à 161 lits, et dans les Antilles de 45 lits à 140 lits. La mobilisation est générale pour se préparer si nous devions être touchés comme a été touchée l’Hexagone ».

La  ministre des Outre -mer mise sur le confinement anticipé des outre mer pour limiter la propagation dans les territoires ultramarins : « Nous avons rapidement confiné les populations, et j’espère et je souhaite que ce confinement ralentisse la propagation du virus, il faut continuer à l’utiliser », tout en reconnaissant les fragilités des territoires des Outre-mer.

Elle annonce des moyens supplémentaires « pour être à la hauteur des risques », et estime aussi qu’il faut « mettre en place des doctrines différentes de celles de l’Hexagone ».

La ministre a saisi le conseil scientifique qui devrait modéliser le développement de l’épidémie dans nos territoires et conseiller sur des doctrines éventuellement différentes à mettre en place en outremer. « On peut tester, isoler, soigner différemment ».

« Sans doute la doctrine des tests comme de l’isolement des personnes symptomatiques, le dépistage dans les EHPAD ou dans la population, c’est une doctrine que je souhaite qu’elle soit annoncée, mais je ne suis pas médecin, et le conseil scientifique devrait donner des conseils spécifiques le 6 avril pour nos territoires spécifiques ».

Les masques 

« Les moyens qui ont été mis dans les Outre-mer répondent aux mêmes critères que dans l’Hexagone. Les demandes exprimées par les ARS sont fournies petit à petit. (…) Il faut que l’on puisse rassurer les populations sur la manière dont les renforts arrivent, le matériel arrive, mais en prenant en compte la pénurie dans l’Hexagone. Il faut le temps aussi pour le matériel d’arriver sur les lieux ». La Ministre des Outre-mer a également indiqué  « qu’il n’y a pas d’impréparation Outre-mer« , répondant ainsi aux critiques de certains élus ultramarins concernant la gestion de cette crise sanitaire.

Annick Girardin précise qu’elle a déployé des aides à l’innovation, pour la fabrication de gels, mais aussi fabrication de masques.

Sur  l’avitaillement :  je n’exclus pas de demander aux préfets de fixer les prix de certains produits » Annick Girardin

« Il n’y a pas de raison d’avoir peur pour l’instant, l’avitaillement se fait par bateau et par avion, et la continuité territoriale aérienne sera assurée », rassure Annick Girardin. Qui a « demandé au préfet avec les Départements et les Régions de voir comment on aide les agriculteurs à écouler leur production ».

A propos de la hausse des prix constatée à divers endroits et sur certains produits : « On m’a alertée sur les prix. C’est pas le moment d’avoir ces tentations d’aller à la hausse, gardons la mesure des choses, et si ça devait continuer, je n’exclus pas de demander aux préfets de fixer les prix de certains produits ».

Pour  les aides nationales 

La ministre a rappelé que 3 aides sont actuellement appliquées en outremer :

– le fonds de solidarité d’1 milliard d’euros qui arrive par l’Etat via une aide mensuelle de 1500 euros, poursuivie si le confinement est maintenu, ou via une aide complémentaire de jusqu’à 2000 euros via les Régions qui co-financent cette aide. Cette dernière « reste encore à affiner ».

– l’aide pour les factures de gaz, eau, électricité, loyers, différente selon les collectivités.

– le chômage partiel, pour les salariés qui vont recevoir 82 à 85% de leur salaire mais qui ne seront pas licenciées. Les entreprises seront remboursées par la suite.

« J’ai bien entendu les parlementaires, les syndicats et les entreprises qui disaient que toutes les banques ne jouaient pas le jeu, et je suis en train de vérifier, parce qu’il faut d’abord la banque pour la garantie du prêt qui doit arriver dans tous les territoires via la BPI ».  « Pour l’instant mettons en place les 3 dispositifs et regardons si nous avons besoin de compléter par d’autres mesures dans les territoires d’outre-mer pour des besoins spécifiques ».

Sur la sécurité

Annick Girardin précise que depuis l’annonce d’Emmanuel Macron du renfort de l’armée dans la lutte contre le virus, les militaires « sont aux côtés des dispositifs mis en place » pour travailler sur le côté sécurité du confinement, la vérification de quatorzaine ou de confinement, le portage de repas à domicile, avec les gendarmes et policiers sur certains sites, ou encore faire respecter les couvre-feu.

Sur la continuité pédagogique 

« J’ai bien conscience des difficultés dans les Outre-mer, pour avoir accès aux nouvelles technologies ou à des cours à domicile. Dans ces cas-là, l’innovation marche aussi : des cours papier sont envoyés (…). Beaucoup sont les enseignants qui sont mobilisés, je les appelle à être se mobiliser pour qu’on prenne bien compte des spécificités des Outre-mer », a dit la ministre  « Chacun pourra compléter les dispositifs mis en place. Et oui c’est compliqué quand on est dans un village isolé, quand on manque de matériel, quand on n’a pas de réseau », a-t-elle reconnu.

En évoquant les étudiants : « Je veux remercier tous les étudiants qui auront entendu mon appel et qui sont confinés dans les Crous qui sont restés ouverts ou dans leur résidence universitaire, c’est important que vous respectiez vous aussi ces consignes de confinement », a terminé Annick Girardin.

Par Marie-Christine Ponamalé