© Twitter RCI Martinique, manifesttion de l’intersyndicale le 22 septembre dernier
Trente-trois des 34 communes de Martinique ont observé lundi une journée ville morte pour protester contre la suppression des contrats aidés, a annoncé l’Association des maires de Martinique.
Le 25 septembre dernier, la Martinique a connu son deuxième jour de mobilisation sur les contrats aidées. Les communes se sont associées à la mobilisation de l’Unité syndicale et associative en répondant à l’appel de l’Association des maires de Martinique
Cette journée ville morte s’est traduite par la fermeture des services municipaux, des établissements scolaires et des crèches.
Parallèlement, environ 4000 personnes selon la police, plus de 6000 selon les organisateurs, ont défilé, lundi en fin de matinée, de la maison des syndicats à la préfecture de Fort-de-France à l’appel de cette union syndicale et associative, à laquelle se sont joints des élus municipaux et des lycéens. Reçue en préfecture, une délégation a notamment demandé un moratoire sur les contrats aidés afin qu’ils soient maintenus au niveau de 2016, soit un peu plus de 3.000, selon l’Union syndicale.
Dans une lettre adressée à ses interlocuteurs à la suite de cette rencontre, le préfet Franck Robine leur a confirmé que ses « propositions visent à traiter l’ensemble des contrats aidés au même niveau que 2016, soit par reconduction, soit par évolution
de la nature de l’emploi dont il s’agit ».
Dans un communiqué rendu public en début de soirée, l’Unité syndicale et associative considère que le préfet « veut une fois de plus [nous]manipuler ». Selon elle, si le préfet se prononce sur les contrats aidés « renouvelables d’ici la fin de 2017 », il ne dit rien dans sa lettre de ce qui se passera « après décembre 2017 ». Dans ces conditions, l’Unité syndicale et associative se propose de transmettre au préfet « une proposition de protocole susceptible de mettre fin au conflit ». En attendant, elle annonce la poursuite de la mobilisation et des opérations escargot pour mardi matin.
« Risque d’explosion sociale »
A Paris, les députés martiniquais Serge Letchimy et Josette Manin ont demandé à la Ministre des Outre-mer Annick Girardin, une rencontre avec le Premier Ministre Edouard Philippe. « Il faut que le Premier ministre à son niveau réagisse. Il ne peut pas agir dans l’inconscience totale. Nous demandons un moratoire sur l’application des contrats aidés en Martinique », a prévenu Serge Letchimy. « Il y a une très grosse manifestation sur le territoire, il y a un risque d’explosion sociale », a alerté Josette Manin.
Cette situation en Martinique pourrait faire « boule de neige » en Guadeloupe. « J’ai laissé un message au président de la République pour lui faire savoir que les choses risquaient d’éclater aussi en Guadeloupe », a déclaré à son tour à la presse le président de la région Guadeloupe Ary Chalus, à l’issue d’un entretien avec Annick Girardin. « Nous sommes des îles où le chômage est trois fois supérieur à l’hexagone, on ne peut pas se passer des emplois aidés pour aider les communes », a-t-il insisté, assurant avoir eu une « garantie de l’ancien gouvernement sur le maintien des emplois aidés ».
Seul le président de la collectivité territoriale de Martinique, Alfred Marie-Jeanne, reçu dans la même journée par la ministre, ne s’est pas fait l’écho de cette revendication. Au contraire, a-t-il insisté, « j’ai toujours été contre les contrats aidés, par principe. Les contrats aidés, ça amène à payer quelqu’un 600 euros par mois. Est-ce que c’est avec 600 euros par mois qu’on peut vivre? (…) petit à petit, il faudra remplacer ça par de vrais contrats« , a-t-il déclaré.
Rencontre ce matin entre Annick Girardin et le président du Conseil Territorial de Martinique Alfred Marie-Jeanne.#OutreMer #Martinique pic.twitter.com/zaHQlZaCru
— Outremers360 (@outremers360) 25 septembre 2017
En attendant une réponse du gouvernement, l’Intersyndicale et les associations restent toujours mobilisées dans le département. De nouvelles opérations-escargots (appelés opération molokoy en Martinique) sont prévues ce mardi sur les routes.
Avec AFP