Promesse de campagne, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu un discours devant le Congrès réuni ce 3 juillet à Versailles. Les quatre députés interrogés par Outremers 360 reconnaissent un discours « lissé », « en concordance avec son programme ». Ils affirment toutefois rester vigilant sur les réformes promises par le président de la République.
Pour la première fois depuis son élection, Emmanuel Macron a dévoilé les grandes priorités de son quinquennat. Le Président de la République a listé quelques réformes qu’il compte mettre en place lors de son mandat comme la fin de l’état d’urgence à l’automne accompagnée de « mesures renforcées » dans la lutte anti-terroristes, la réduction d’un tiers du nombre de députés et de sénateurs, l’introduction d’une dose de proportionnelle, ou encore la suppression de la Cour de Justice de la République. Nathalie Bassire, député LR de la Réunion a retenu « un discours lissé ». « Je pensais avoir une vision claire pour ce quinquennat mais lors de ce discours, je suis restée sur ma faim. Le président de la République a énormement parlé d’effectivité, d’efficacité politique, souhaité redonner la confiance aux Français. Je pense que tous les élus politiques travaillent en ce sens », ajoute Nathalie Bassire.
De son coté, l’élue de la Polynésie française Maina Sage voit d’un bon oeil ce changement institutionnel promis par Emmanuel Macron. « Il était dans la droite ligne de ses annonces de campagne. Etant membre de la Commission des Lois, je pourrai participer de près à la révision et à la fabrication de nos textes, en recherchant plus d’efficacité, plus d’effectivité comme il l’a dit, en vue d’une plus grande rapidité des deux Chambres, c’est intéressant . Nous avons besoin de moderniser nos institutions ».
« C’était un discours présidentiel avec une vision à long terme, globalement une réaffirmation des engagements qu’il avait pris durant sa campagne électorale. Il tient là un premier engagement puisqu’il a assuré qu’il allait s’exprimer devant le Congrès. Maintenant, ce sont des mots, il faut que nous soyons dans le concret, dans les actes, c’est ce que nous attendons et que nous retrouverons probablement demain dans le discours de politique générale du Premier ministre. Dans beaucoup de mesures, nous ne sommes pas dans du concret, je pense à certaines mesures sociales, à l’éducation, à la culture: on reste dans des déclarations d’intention » a relevé Ericka Bareigts .
Présent à Versailles aux côtés de mes collègues guyanais. Nous attendons le discours de @EmmanuelMacron #CongresDeVersailles pic.twitter.com/P43UQLGUBQ
— Antoine KARAM (@AKaram973) 3 juillet 2017
Et les « assises » des Outre-mer ?
Dans son discours, Emmanuel Macron a évoqué les Outre-mer à plusieurs reprises, annonçant « une conférence des Territoires », qui sera lancée par le Premier ministre Edouard Philippe. « Je pense aux collectivités d’outre mer qui doivent avoir tous les moyens pour réussir ». « Il ne s’agira pas uniquement d’une conférence budgétaire ou financière, mais aussi de trouver ensemble les moyens d’adapter nos politiques aux réalités locales, et de donner davantage de latitude aux collectivités territoriales » a déclaré le Président de la République.
L’ancienne ministre des Outre-mer approuve: « Nous nous retrouvons sur ces mesures qui concernent les outre-mer (…)». « L’autre élément que nous avons retrouvé et qui me tiens à cœur, c’est bien sûr l’émancipation. La volonté de travailler pour que chaque Territoire, chaque personne puisse être dans l’émancipation (…) ». Elle ajoute toutefois: « Nous resterons vigilants sur la concrétisation: est-ce que nous aurons les moyens pour atteindre cette émancipation ? ».
Le sénateur guyanais George Patient partage également cet avis. « Sur les Outre-mer, Emmanuel Macron a été assez divers. Il a évoqué les réalités locales des territoires mais il n’a pas donné de détails. Il faudra attendre le discours du Premier Ministre ou bien des rencontres qu’il faut mener ultérieurement. Le 11 juillet prochain, nous avons une grosse réunion de travail avec la Ministre des Outre-mer concernant la Guyane. C’est à partir de ce moment-là que nous pourrons juger réellement du volontarisme du Président ».
Vote de confiance
A l’exception de la députée réunionnaise Nathalie Bassire, qui se réserve pour l’instant, les autres élus ultramarins ont indiqué qu’ils voteraient la confiance, précisant toutefois rester vigilants sur les mesures annoncées. « Le Tapura Huira’atira s’est positionné pour soutenir la Majorité présidentielle, et nous allons nous engager aux côtés de cette majorité pour enrichir le débat et contribuer à ces enjeux pour la Nation. Ce n’est pas un chèque en blanc qui sera donné demain, c’est un soutien au gouvernement tout en restant vigilant et dans un état d’esprit constructif », a affirmé Maina Sage.
Si l’avis d’Ericka Bareigts est plus tranché, il apparaît toutefois nuancé: « Nous avons une réunion avec le groupe « Nouvelle Gauche » pour harmoniser l’avis du groupe. Mais dans tous les cas, je ne voterai pas contre », a-t-elle conclu.
Saint-Pierre & Miquelon, siège 198.
Seule parlementaire de l’archipel au #Congrès, prête pour écouter et analyser le discours du Président ! pic.twitter.com/X5KI1FSzs5— Karine Claireaux (@KarineClaireaux) 3 juillet 2017