Conférence des EPL : « L’avenir s’écrit dans la diversification et la mutualisation », François Javel, président des EPL de l’Océan Indien

Conférence des EPL : « L’avenir s’écrit dans la diversification et la mutualisation », François Javel, président des EPL de l’Océan Indien

©Nordev

Récemment élu à la présidence de la Fédération régionale des Entreprises publiques locales (EPL) de l’Océan Indien, François Javel est un militant irréductible de l’économie mixte. Celui qui accueille la Conférence des EPL Outre-mer 2019 réaffirme ainsi la force de ces « bras armés » stratégiques dans le paysage local. 

La Conférence des EPL Outre-mer sera à Mayotte le 10 juin avant de s’installer à La Réunion jusqu’au 14 juin. En qualité de président fédéral, qu’attendez-vous de cet événement ?

Cette conférence est un moment majeur pour les Entreprises publiques locales dont je porte la voix depuis la disparition, en avril, de Marc-André Hoarau à la mémoire duquel l’événement rendra d’abord hommage. Dans les Outre-mer comme en métropole, l’outil « EPL » n’a plus à faire ses preuves. Nombre d’élus sont convaincus de ses avantages, notamment l’association d’un esprit public à l’initiative privée. Pour autant, comment se lancer ? Quels pièges éviter ? Quels nouveaux horizons explorer ? Aux 200 congressistes attendus, cette conférence doit apporter des réponses, croisant l’expertise des uns à l’expérience des autres pour mieux « maturer » les ambitions de chacun.

Quelle est aujourd’hui la situation des EPL ultramarines et la spécificité de celles implantées en océan Indien ?

Si les Outre-mer ne peuvent être uniformisées, toutes vivent d’abord dans le paradoxe d’une grande distance géographique avec la métropole et d’une forte proximité juridique. Les difficultés croissantes des collectivités inscrites à leur capital contraignent d’autre part la majorité des EPL ultramarines à trouver leur équilibre ailleurs que dans les subventions. Toutefois, les EPL de l’océan Indien doivent de surcroît composer avec l’étroitesse du marché d’où, pour huit sur dix d’entre elles, le développement d’activités complémentaires. Enfin, pour des raisons qui relèvent de l’histoire ou de la géographie, Mayotte comme La Réunion accusent certains retards, notamment dans l’habitat ou l’environnement… Mais ces faiblesses font force puisqu’elles obligent à une opérationnalité rapide !

Plus d’un tiers des 105 EPL ultramarines se concentrent dans l’océan Indien. Quelle place tiennent-elles dans le développement local ?

Avec trois structures à Mayotte et 35 à La Réunion – dont une toute nouvelle Sem à opération unique pour gérer les Eaux de la Possession – l’océan Indien constitue une terre fertile pour l’économie mixte. Celle-ci s’y impose comme un levier premier de développement local, générant plus de 3 600 emplois et 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Ces chiffres, appelés à progresser encore grâce à six créations en cours, attestent de l’importance de ces « bras armés » des collectivités sur de multiples secteurs stratégiques et/ou négligés par le privé : réseaux, énergie, habitat, immobilier, transport, environnement… Fidèles à leur réputation de précurseurs, les Outre-mer viennent même d’ouvrir de nouveaux champs avec deux EPL réunionnaises centrées sur l’aide à la personne, un secteur lui aussi en devenir au regard de la démographie vieillissante de l’île. Nous sommes plus que jamais dans le thème de la Conférence 2019 : « Agir pour la qualité de vie ».

Comment la Sem Nordev que vous présidez s’inscrit-elle dans cette dynamique ?

Créée pour contribuer au développement économique et sociétal de la région nord de La Réunion, la Nordev doit, elle aussi, asseoir son fonctionnement. À l’activité « salon » a ainsi été adjointe, fin 2018, la gestion d’un circuit de karting et d’autres élargissements l’attendent, hors de son périmètre naturel, dans le tourisme social et l’hébergement, la location de matériels d’événements ainsi que les création et gestion de zones artisanales et économiques. Car pour la Nordev comme pour ses homologues, l’avenir s’écrit dans la diversification et la mutualisation.

Propos recueillis par Laurence Denès