Bulletins de vote du 1er référendum en Nouvelle-Calédonie, le 4 novembre 2018 ©Outremers360 (archives)
Les responsables politiques de Nouvelle-Calédonie peinent à s’entendre sur la date du deuxième référendum sur l’indépendance de l’archipel, à une semaine de discussions sur le sujet avec Édouard Philippe lors du 19ème Comité des Signataires de l’accord de Nouméa.
« Nous voulons qu’il ait lieu le plus tard possible dans le délai réglementaire dont la date butoir est le 3 novembre 2020 », a déclaré Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l’Union Calédonienne, membre du FLNKS. En début de semaine, le bureau politique de la coalition indépendantiste a affirmé que sa « démarche » visait à permettre à l’État de corriger « les dysfonctionnements » observés lors du premier référendum du 4 novembre 2018, remporté à 56,7% par les partisans du « non » à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
Le vote des prisonniers, les procurations ainsi que le cas de 2 000 électeurs répertoriés mais non dentifiés sont notamment en question. Les indépendantistes souhaitent également que l’État donne « une plus fine clarification sur la période transitoire » et « les mesures d’accompagnement », en cas de victoire du « oui » à l’indépendance. Le 10 octobre prochain à Matignon, se tiendra en présence du premier ministre Édouard Philippe le comité des signataires de l’accord de Nouméa, dont l’ordre du jour sera essentiellement consacré à la fixation de la date du deuxième référendum et à ses modalités d’organisations.
Le processus de décolonisation par étapes de l’accord de Nouméa (1998) prévoit en effet la tenue de deux autres scrutins d’autodétermination d’ici au plus tard novembre 2022, avant l’instauration d’un nouveau statut.
« Sortir (…) des incertitudes »
A rebours des indépendantistes, l’Avenir en Confiance (AEC), principale formation loyaliste, veut au contraire accélérer le calendrier. « Ce qui est important est de sortir le plus tôt possible des incertitudes. (…) On voit bien que l’économie est au ralenti, faire courir les délais serait de la folie », a déclaré Sonia Backès, présidente de la province Sud (AEC). Elle plaide pour un référendum dès juillet 2020 puis pour l’ouverture de discussions sur « un statut dans la République », qui serait soumis par référendum aux Calédoniens avant la fin de la mandature d’Emmanuel Macron en 2022.
En début de semaine, le parti de centre droit, Calédonie Ensemble, a lui refusé « de customiser le calendrier » prévu par l’accord de Nouméa, craignant « une instrumentalisation politique au plan national » du dossier calédonien. « En accélérant le calendrier, ça veut dire qu’on ouvre des discussions en pleine campagne des présidentielles de 2022 ! », a averti Philippe Michel, secrétaire général de CE. « Si on n’arrive pas s’entendre, c’est l’État qui tranchera », a précisé Pierre-Chanel Tutugoro, affirmant que l’État, partenaire de l’accord de Nouméa, serait en accord avec une 2ème consultation en novembre.
Outre la date du deuxième référendum, Édouard Philippe devra également trouver un consensus entre les partenaires calédoniens sur le sujet de l’inscription automatique des natifs sur les listes électorales, au centre de vives oppositions.