© Cyril Cornut /Matignon
Lors de la dernière journée du comité des signataires des Accords de Nouméa, l’Etat et les partenaires politiques calédoniens ont annoncé des mesures de soutien à l’industrie. Des mesures qui devraient être rapidement prises, dans les semaines qui arrivent.
La troisième et dernière journée du XIVème comité des signataires était consacrée à l’important volet industriel du nickel calédonien. En proie à une crise mondiale, dû à des stocks mondiaux élevés qui ont engendré une chute du cours du nickel, la santé économique de la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie inquiète, tant les calédoniens que les dizaines de milliers d’ouvriers travaillant dans le secteur. Face à de telles difficultés, les signataires partagent le même constat, sans aucune divergence, « la violence de la chute des cours mondiaux est source de très graves difficultés et fait souffrir durablement l’ensemble des acteurs calédoniens ». Ils « appellent à une démarche de solidarité renforcée entre tous les opérateurs de la filière nickel, et en particulier les trois grands opérateurs métallurgiques ». A savoir ; Eramet, Vale et Glencore, dont le PDG déclarait en décembre dernier, ne plus vouloir « brûler du cash ». De son côté, Manuel Valls a affirmé que « l’Etat prendra ses responsabilité », une posture attendue de la part de l’actionnaire à 25% d’Eramet.
Dans les jours et semaines qui arrivent, les signataires se sont engagés « à élaborer un programme prévisionnel d’urgences des exportations ». Dans leur déclaration commune, Etat et signataires indiquent ; « des mesures seront rapidement prises afin de conforter l’ensemble des métiers de la mine et de la métallurgie, et l’ensemble des zones du territoire ». L’Etat s’est également engagé à s’impliquer dans la recherche de solutions concernant les investissements et financements de la Société Le Nickel (SLN), premier employeur privé du Caillou. Le redressement de la filière nickel calédonienne est d’autant plus importante car la ressource est « indissociable » de l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Sur la base du rapport Colin, délivré en octobre 2014, les acteurs politiques calédoniens compte donc examiner et apporter des solutions pour redresser cette filière. En Nouvelle-Calédonie, quelques voix s’élèvent sur la nécessité de développer d’autres filières afin d’assurer la pérennité économique du Caillou.
Le nickel était donc le dernier sujet sur la table des négociations du comité des signataires. Jeudi, les partenaires ont réglé la question du litige électoral, autre volet important pour le référendum de 2018, pendant que Manuel Valls annonçait sa venue en Nouvelle-Calédonie en mars prochain. Le prochain comité des signataires aura lieu en octobre 2016.
Interview de Victor Tutugoro, porte-parole de l’Union Nationale Indépendantiste (UNI)
Qu’en est-il sorti de cette journée de discussion autour du nickel ?
À la suite des travaux (rapport Colin, ndlr) du comité des signataires du 3 octobre 2014, qui a demandé à ce que les signataires réagissent sur 4 items, à savoir : la gestion et la valorisation des ressources, l’exportation du minerais brut, la structure de l’actionnariat, l’apport du nickel dans l’économie calédonienne. Pour le compte de l’UNI, nous avons produit un document résumant notre posture. On l’a transmis au gouvernement et malheureusement les autres partenaires, groupes politique n’ont pas fait cet exercice là. Le rapport Colin précisait un certain nombre de choses autour de ces 4 items et a pointé un certain nombre de débats à mener. Après les discussions de ce matin, nous avons décidé d’un commun accord de rassurer la population calédonienne par rapport à la situation du nickel, et nous avons décidé de donner les moyens, d’examiner point par point les idées apportées par le rapport Colin, et d’en débattre pour trouver les convergences et divergences. À l’UNI, nous pensons que c’est de cette manière que nous allons rassurer les populations.
Des décisions concrètes à la suite de cette journée ?
Les choses viennent (…). Nous avons aussi décidé de leur adresser ce message, au travers d’un schéma prévisionnel d’exportation mis en oeuvre avec l’Etat dans les jours qui viennent.