Annick Girardin et Édouard Philippe en Nouvelle-Calédonie le 5 novembre 2018 ©Outremers360
« Je pense que le gouvernement proposera une méthode de travail, des rendez-vous mais aussi, peut-être, une vision de ce que pourrait être demain, la Calédonie associée à la France », a déclaré la ministre des Outre-mer Annick Girardin, interrogée par Saint-Pierre et Miquelon La 1ère. Des propos qui ont suscité de vives réactions du côté des partis non indépendantistes calédoniens.
« Ce qui est important c’est que le dialogue se poursuivent » disait-elle précédemment. « Le Premier ministre et moi, nous veillons à ce que le dialogue puisse se poursuivre le temps des élections provinciales (qui auront lieu en mai, ndlr) et que l’on puisse donner rendez-vous à nouveau (…) pour travailler sur un projet », développait encore Annick Girardin avant de prononcer les mots qui ont suscité la colère des partis non indépendantistes. En effet, selon le droit international, le terme « associé » renvoie au statut d’État associé : « un État souverain ayant signé une convention de partenariat avec un État généralement plus grand ou plus peuplé auquel il est associé », et « sont des sujets de droit international et possèdent pleine souveraineté », selon la définition de l’ONU. Une partie des indépendantistes calédoniens, le Palika notamment, défendent par ailleurs l’idée d’une « souveraineté partagée » ou en partenariat avec la France, aux contours proches du statut d’État associé.
Du côté des non indépendantistes, il va sans dire que le terme de « Calédonie associée » va à l’encontre du résultat du référendum qui a donné le « non » à l’indépendance vainqueur à 56%. « Nous tenons à rappeler que les déclarations de la ministre de l’Outre-mer, pour une « vision de ce que pourrait être demain » n’engagent que le gouvernement, et lui seul : C’est en effet le peuple calédonien qui, comme il l’a montré le 4 novembre dernier, est dorénavant souverain sur son destin », rappelle Calédonie Ensemble. « Aucune formule d’indépendance ou d’indépendance association n’est acceptable pour nous », poursuit le parti du député Philippe Gomès, qui avait plaidé pour « une nouvelle organisation politique » avec « de nouvelles modalités pour l’exercice du droit à l’autodétermination ».
« Déclaration choquante »
Condamnant « fermement » les propos de la ministre, les Républicains calédoniens et le MPC « lui demande de respecter le choix des Calédoniens ». « Si la volonté d’Annick Girardin est d’engager la Nouvelle-Calédonie vers un État associé, celle-ci bafoue la décision des Calédoniens du 4 novembre 2018, qui ont, dans leur majorité confirmé leur volonté de rester au sein de la République Française », poursuivent-ils. « Ce sont les calédoniens qui décideront en mai prochain qui sera légitime pour défendre leurs intérêts dans les discussions sur l’avenir institutionnel que le Premier Ministre a souhaité après les élections provinciales ».
Dernier grand parti non indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, fondé par Jacques Lafleur, le Rassemblement-LR estime qu’ « il n’est pas question de confisquer le vote du 4 novembre 2018 en imposant aux Calédoniens, contre leur souhait, quelque forme d’indépendance ou indépendance-association que ce soit ». « Le Rassemblement sera le garant du respect de l’expression majoritaire des Calédoniens lors du référendum, qui ont alors choisi de manière incontestable le maintien de la Calédonie dans la France ». Enfin, Pascal Vittori, président de Tous Calédoniens, dénonce une « déclaration choquante (…) à quelques semaines d’un référendum à l’issu duquel les calédoniens se sont clairement exprimés contre l’accession de la Nouvelle-Calédonie à l’indépendance ».