Les Britanniques se sont prononcés en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Toutefois, si cette décision a bouleversé une grande partie des Européens, les Ultramarins, eux restent optimistes.
Ce vendredi matin, les Londoniens se sont réveillés hagards, sous le choc à l’annonce du résultat du référendum: 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit. Choc, c’est le terme qu’ont aussi utilisé les quatre Ultramarins joint par Outremers 360. Mais tous s’accordent sur le fait qu’il est encore trop tôt pour voir les premiers effets de ce Brexit. « Ce matin, dans le métro londonien, tous les visages étaient à la fois fermés et grave. A la City, les traders en costume n’avaient pas le sourire, certains tiraient la tronche », déclare Samuel Rinaldo, un Guadeloupéen qui vit à Londres depuis 3 ans. Pour D, un ultramarin qui travaille à la City depuis 10 ans et qui suit les fluctuations du marché depuis 3 heures du matin, le résultat a surpris plus d’un. « La stratégie adoptée durant cette campagne, du côté Remain était selon moi volontairement de rester floue sur les perspectives ou un plan B en cas de Brexit pour créer cette condition d’incertitude, et qui serait favorable pour rester dans l’UE». Il avoue cependant que ce choix du Brexit n’entravera ni sa vie personnelle ni professionnelle. « Pour moi, si je peux le dire ainsi, c’est que tout les discours employés par les partisans du Remain et des médias européens sur le « scénario Armaggedon en cas de Brexit » ne sont pas forcément crédibles aujourd’hui et ne correspondent pas à la réalité. Les Anglais ont exercé un droit démocratique aujourd’hui, cependant l’Angleterre demeure où elle est géographiquement, le contexte historique est ce qu’il est, les qualités de l’Angleterre ne disparaissent par autant avec la rupture de la relation, donc le jeu reste ouvert, me semble-t-il. »
Samuel Rinaldo, quant à son avenir, reste lui aussi optimiste.« En tant qu’un ultramarin et même Français, cela n’a pas particulièrement d’impact sur ma vie quotidienne. Je n’ai pas d’inquiétude particulière pour les trois prochaines années ». Cependant, il se dit interessé de connaître ce qui se passera après ce réferendum. «Je suis très curieux de voir comment les Anglais vont réussir à bloquer l’entrée de nouveaux arrivants dans le pays, dans la mesure où Londres est le poumon économique de l’Angleterre et d’ailleurs ce sont les étrangers qui vont vivre à Londres ».
« Un manque d’intérêt pour le français ou l’espagnol »
Un vote sans conséquence pour Aïda originaire de la Martinique et consultante en marketing pour un courtier en Bourse. « C’est très particulier comme situation, on se sent plus ou moins rejetés et étrangers, européens vivant à Londres mais les impacts n’étant pas immédiats, on ne réalise pas vraiment ». Sur le plan personnel et professionnel, elle affirme que le Brexit ne modifie pas ses objectifs. « À l’origine, je n’avais pas prévu de faire ma vie à Londres. Le temps que le Brexit se mette en place, je pense que je serai déjà partie d’ici », ajoute cette jeune cadre. Même si elle reconnaît comme contraignante l’obtention d’un nouveau visa, elle estime que les changements seront minimes pour les Français. « Si les choses s’accélèrent dans la prise de décision du gouvernement, et que dans les trois prochains mois, un visa sera nécessaire pour travailler, alors oui, ça peut poser un vrai souci. On attend de voir le temps qu’il faudra pour sortir de l’Union Européenne. À partir de là, on verra quels sont les accords que l’Angleterre conclut avec les autres pays. Si cela se trouve, cela ne va pas changer grand-chose pour les Français ».
Ce rejet de l’autre, Roumana Hassanaly, une Réunionnaise qui travaille depuis 11 ans au sein d’une école de langues, l’a perçu. « On va avoir une chute d’intérêt pour les langues. On a déjà remarqué cette année un manque d’intérêt pour le français ou l’espagnol avec une campagne sur « on parle anglais dans le monde entier ». Je pense que le Brexit va renforcer ce sentiment », précise-t-elle. « De mon côté, je constate qu’il ne va pas être évident de rester parce qu’il va falloir se doter d’un British Passeport ou un visa dans les prochaines années à venir. C’est hors de prix et difficile à avoir. Est-ce que ça vaut pas la peine aujourd’hui, je dirais non ». Cette Réunionnaise envisage aujourd’hui de partir de la Grande-Bretagne « dès que l’opportunité se présentera ». Toutefois, elle pense que Londres, malgré le Brexit, gardera son attractivité pour les étrangers et notamment les étudiants. Elle estime même que la circulation des personnes doit se poursuivre. ‘« Il ne faut pas que les gens aient cette crainte, bien au contraire, il faut bien continuer à vivre et à se déplacer à travers le monde. C’est une expérience enrichissante », conclut-elle.