Archipel des Chagos: L’île Maurice affronte Londres et Washington

Archipel des Chagos: L’île Maurice affronte Londres et Washington

A l’unisson, l’exécutif mauricien et son opposition ont qualifié d' »inacceptable » les propos des ambassades britannique et américaine sur le contentieux territorial qui oppose l’île Maurice et le Royaume-Uni dans l’archipel des Chagos.

Coup de froid diplomatique dans l’Océan Indien, les relations entre l’île Maurice, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se dégradent autour du contentieux territorial sur l’archipel des Chagos. Tout commence le mois dernier avec un ultimatum lancé par le Premier ministre mauricien Sir Anerood Jugnauth. Ce dernier demandait alors à Londres de clarifier sa position sur l’archipel des Chagos avant le mois de juillet. L’archipel, revendiqué par l’île Maurice, abrite la base américaine Diego Garcia, construite dans le contexte de la Guerre Froide. Si aucune position de la part du Royaume-Uni n’était donnée, l’exécutif mauricien saisirait la Cour internationale de Justice dès juillet.

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Coup de théâtre avant la fin de l’ultimatum, les deux puissances américaine et britannique ont publié un communiqué conjoint dont le ton a visiblement déplu aux autorités mauriciennes. Jugé menaçant, le communiqué brandirait « le risque de préjudices durables dans leurs relations avec Maurice » rapporte Rfi. L’entourage du Premier ministre de l’île Maurice qualifie d' »inacceptable » le ton employé par Washington et Londres, tout comme le leader de l’Opposition Paul Bérenger, solidaire de l’exécutif. Milan Meetharban, ancien amabassadeur de l’île Maurice aux Nations Unies, parle d’un communiqué « choquant » tandis que l’ancien Président de la République Cassam Uteem, fustige « un chantage odieux« .

Le Premier ministre de l'île Maurice, Sir Anerood Jugnauth ©DR

Le Premier ministre de l’île Maurice, Sir Anerood Jugnauth ©DR

Cette polémique diplomatique enfle alors que la Justice britannique doit se prononcer, cette semaine, sur le sort des Chagossiens déportés par la Grande Bretagne dans les années 1960-1970, vers les Seychelles et l’île Maurice. Ces derniers, qui ont du quitter l’archipel suite à l’installation de la base militaire américaine de Diego Garcia, réclament depuis 1998 un meilleur dédommagement suite à leur expulsion, le droit de pouvoir retourner vivre dans l’archipel et l’obtention de la nationalité britannique lors d’une autre demande formulée en 2001.

Un peu d’Histoire…

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Situé dans le centre de l’Océan Indien, l’archipel des Chagos est entouré par les Maldives au nord, les Seychelles à l’ouest et les Mascareignes, dont Maurice, au sud-ouest. Sa ZEE est de 636 600 km². Autrefois sous domination française, l’archipel des Chagos devient formellement britannique avec le traité de Paris du 30 mai 1814. Il fait d’abord partie intégrante de la colonie des Seychelles avant d’être intégré à la colonie britannique de l’île Maurice le 31 aout 1903. Le 8 novembre 1965, l’archipel est détaché de Maurice, trois ans avant l’indépendance de l’île, et devient un territoire britannique d’Outre-mer: le Territoire britannique de l’Océan Indien (BIOT). En dédommagement, le gouvernement mauricien obtient d’importantes subventions et surtout, son indépendance. Néanmoins, l’île Maurice revendique sa souveraineté sur l’archipel depuis son accession à l’indépendance, et surtout, depuis la création en 2010 par le Royaume-Uni de la plus grande réserve marine protégée au monde sur l’archipel. Les autorités mauriciennes peuvent compter sur l’appui du Chagossiens Social Committee, qui se positionne en faveur d’une souveraineté de l’île Maurice, contrairement au Chagos Refugees Group qui souhaite un retour dans le cadre du Territoire britannique de l’Océan Indien.