©Pascal Maitre / Cosmos
Du 15 au 21 avril dernier, une Délégation de la Commission sénatoriale de la Culture, de l’Éducation et de la Communication s’est rendue en Guyane pour une mission sur l’état de l’enseignement scolaire et agricole. Composée des sénateurs Antoine Karam (Guyane), Jean-Claude Carle (Haute-Savoie) et Laurent Lafon (Val-de-Marne), la délégation a rendu ses conclusions.
« Les difficultés que connaît la Guyane en matière éducative sont la conséquence d’une situation générale dégradée, de la pénurie d’enseignants qualifiés ainsi que d’une prise en compte insuffisante des réalités locales ». Tel est le premier constat des conclusions des trois sénateurs, membres de la Commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication. Les trois autres constats ne sont pas plus flatteurs. En effet, le système éducatif guyanais « se caractérise par des résultats particulièrement faibles ainsi qu’une difficulté́ à scolariser tous les enfants qui devraient l’être ». À titre d’exemple, 48% des jeunes sont en difficulté de lecture, contre une moyenne de 10,8% dans l’Hexagone, 33% d’entre eux sortent du système scolaire sans diplômes, soit trois fois plus que dans l’Hexagone, et l’espérance d’obtenir le baccalauréat pour un élève de 6èmeest de 54,8%, la moyenne la plus basse des académies de France.
« La Guyane illustre l’inadéquation de la transposition du modèle scolaire métropolitain et la nécessité de son adaptation, tant dans ses objectifs que dans ses moyens que les contenus de l’enseignement », notent encore les sénateurs. « Les mesures phares du Gouvernement – dédoublement des classes de CP et de CE1 en éducation prioritaire, abaissement à trois ans de l’obligation d’instruction, apparaissent hors de portée. Plus qu’ailleurs, c’est à̀ l’école primaire qu’il convient de donner la priorité », constatent-ils encore. A cela s’ajoute des « contraintes structurelles fortes », notamment géographiques, démographiques créant « une forte tension sur les infrastructures scolaires, déjà saturées », économiques et sociales, culturelles, sanitaires et sécuritaires. « Certaines particularités (…) pénalisent le fonctionnement du système éducatif, sans que ce dernier ne se soit adapté́ pour les prendre en compte : outre les distances et le plurilinguisme, l’absentéisme et la déscolarisation mais également l’insécurité́ et le grand nombre de grossesses précoces, pèsent sur la réussite scolaire ».
Les sénateurs Antoine Karam, Jean-Claude Carle et Laurent Lafon dresse néanmoins des préconisations pour « repenser le modèle scolaire et l’adapter aux réalités locales ». Ils proposent notamment de « remédier à la pénurie d’enseignants et mieux former ces derniers à la réalité du métier en Guyane », « d’améliorer les conditions de vie scolaire », de « renforcer les marges d’autonomie laissées au recteur » pour « permettre une adaptation des objectifs et des modalités de scolarisation » et encourager « l’innovation pédagogique », de « soutenir les constructions scolaires », d’ « enrichir l’offre de formation » et la « mobilité des étudiants » ou encore, « faciliter l’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail ».