Après La Réunion, les gilets jaunes de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie se mobilisent aussi

Après La Réunion, les gilets jaunes de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie se mobilisent aussi

©Aurélie Bougenot / Groupe Facebook « Gilet Jaune Calédonie »

Alors que la ministre des Outre-mer regagne Paris après une visite de 4 jours à La Réunion en raison de l’importante mobilisation des gilets jaunes, près de 400 manifestants vêtus de ce même habit devenu symbolique se sont mobilisés ce samedi en Nouvelle-Calédonie. En Polynésie, un rassemblement de gilets jaunes est également en préparation. 

Assiste-t-on à un effet domino ? Pendant quinze jours, La Réunion a été paralysée par un mouvement historique pour l’île : une quarantaine de barrages ont été érigés au plus fort de la crise, alors qu’Annick Girardin, arrivée sur l’île mercredi matin, a fait face à des gilets jaunes déterminés dans un climat pour le moins tendu. Ce samedi, la ministre des Outre-mer a finalement rejoint Paris après une série de mesures sociales, économiques et sur la vie chère et le pouvoir d’achat. Si le mouvement réunionnais reste actif, le nombre de barrage a drastiquement diminué et les habitants de l’île ont pu procéder au réapprovisionnement. Les établissements scolaires devraient rouvrir leurs portes lundi.

Désormais, c’est dans le Pacifique que le mouvement prend forme. Ce samedi matin (heure locale), environ 200 gilets jaunes, parfois près de 400, se sont rassemblés devant le siège du gouvernement calédonien pour dénoncer la vie chère et les inégalités sociales. « On fait ce mouvement pour tous les Calédoniens, pour leur porte-monnaie, contre les inégalités, et en soutien avec les « gilets jaunes » de la France », a déclaré un manifestant interrogé par Nouvelle-Calédonie 1ère. En Nouvelle-Calédonie, les écarts de prix avec l’Hexagone s’élèvent à plus de 30%. Le gouvernement local a par ailleurs mis en place, en octobre, une « taxe générale à la consommation » pour lutter contre la vie chère.

« La mission de ce mouvement est de rassembler les habitants du Caillou qui sont mécontents de l’état actuel de la Calédonie : taxes injustes et trop élevées, lenteurs administratives, lois inutiles, le monopole des grandes familles, scandales des élus, insécurité etc », explique un post du groupe Facebook « Gilet jaune Calédonie », qui rassemble plus de 4 500 membres. « On veut vivre de notre travail, ce qui n’est plus le cas. Nous ce qu’on voit, c’est nos fins de mois, la jeunesse qui part en vrille », dit encore le manifestant, chef-cuisinier. Le mouvement dit cependant ne pas vouloir « bloquer les Calédoniens ». « On a fait les choses en règle. On a déclaré notre rassemblement aujourd’hui », explique-t-il, « il est sûr que si on n’a pas d’interlocuteurs qui apportent des réponses positives à nos demandes, on passera à d’autres actions ».

Alcool, sucre, tabac et impunité des élus 

En Polynésie, c’est Sam Amaru, connu pour s’être vivement opposé au projet d’île flottante, qui a lancé le mouvement. Une manifestation « pacifique » est prévue ce samedi, Place Tarahoi à Papeete, devant l’Assemblée territoriale de la Collectivité. Ici aussi, c’est la vie chère qui est pointée du doigt et « l’augmentation future sur les taxes ». « Notre pouvoir d’achat a considérablement baissé », explique-t-il à nos confrères de Radio 1 Tahiti. En Polynésie, les prix sont 26% plus élevés que dans l’Hexagone et des augmentations de taxe sont prévues sur l’alcool, le tabac et le sucre.

Mais les gilets jaunes polynésiens veulent aussi dénoncer l’impunité de certains élus du territoire. « Je trouve ça anormal », estime Sam Amaru, qui apporte toutefois son soutien à Oscar Temaru, déclaré inéligible et récemment entendu par la gendarmerie pour une enquête préliminaire. « La justice ne marche que dans un sens au niveau des élus. Oscar (Temaru) devrait être éligible, et Édouard Fritch (président de la Polynésie) est toujours éligible ». « On est quand même la deuxième collectivité de France la plus corrompue », poursuit-il.