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Réunie le jeudi 21 juin 2018, la Délégation sénatoriale aux Outre-mer, présidée par le sénateur Michel Magras (LR – Saint-Barthélemy), a entendu les représentants des filières agricoles et agro-alimentaires des régions ultra-périphériques (RUP) françaises qui se mobilisent contre la baisse annoncée par la Commission européenne des fonds alloués au Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) dans le cadre financier pluriannuel 2021-2027.
“Alors même que la Commission européenne a salué dans son rapport de décembre 2016 la « performance globale des programmes POSEI sur la période 2006-2014 » et acté la pertinence de cet instrument pour la prise en compte des spécificités des territoires ultramarins visées à l’article 349 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), elle annonce aujourd’hui une baisse de 3,9 % du budget correspondant, soit près de 11 millions d’euros qui feraient cruellement défaut aux territoires des Antilles, de la Guyane, de La Réunion et de Mayotte”, regrette la Délégation dans un communiqué. “Cette annonce vient en outre contredire les déclarations du président du la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors de la conférence des RUP à Cayenne fin octobre 2017”.
“Très attentive à la préservation du tissu économique des outre-mer, territoires à la vulnérabilité avérée et reconnue par l’Union européenne, la Délégation sénatoriale aux outre-mer appelle à la vigilance. Ses travaux ont d’ailleurs maintes fois sonné l’alerte sur les conséquences de la politique commerciale européenne et ont préconisé l’adaptation des normes phytosanitaires aux contextes ultramarins”, poursuit-elle. “La délégation considère que toute contraction budgétaire pourrait susciter de graves désordres en portant un coup fatal à des filières qui sont au cœur de la structuration des économies ultramarines. Aussi, à l’instar de la résolution européenne votée par le Sénat le 6 juin 2018 à l’initiative de sa commission des affaires économiques, elle demande le maintien d’un budget stable pour le POSEI qui constitue un levier essentiel de développement dans des environnements régionaux où les coûts de production et les exigences environnementales sont sans commune mesure”.
Toujours ce vendredi, une délégation des représentants des filières agricoles au sein d’Eurodom s’est entretenue avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Ils lui ont exprimé leurs inquiétudes quant à la possible baisse des fonds du POSEI (le programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité). Des aides européennes et nationales au secteur agricole, qui sont actuellement en cours de renégociation à Bruxelles. A l’issue de la réunion, Annick Girardin s’est montrée confiante quant à l’avenir du POSEI. Elle avait par ailleurs assuré, mercredi à l’Assemblée nationale, que le gouvernement ne pouvait “pas accepter cette proposition de la Commission”. Eurodom se rendra à Bruxelles, ce lundi et mardi, avec 170 professionnels concernés par le POSEI, aussi bien des RUP françaises que des Canaries, des Açores et de Madère. Ils rencontreront entre autres les euro-députés en charge de ces dossiers, les commissaires Phil Hogan, Corina Cretu et Pierre Moscovici.