©Twitter /Annick Girardin
En visite à Mayotte ces 26 et 27 août, la ministre des Outre-mer a présenté le Plan de renforcement et d’approfondissement de la lutte contre l’immigration clandestine (PRALIC), appelé aussi « opération Shikandra », « une approche globale, civilo-militaire, pour relever durablement le défi migratoire à Mayotte ».
Protection des frontières, réaffirmation de la présence à terre, approfondissement du travail judiciaire et coopération internationale : c’est un plan de lutte contre l’immigration clandestine ambitieux que la ministre Annick Girardin est venue présenter à Mayotte. En premier lieu, l’opération « Shikandra » prévoit une augmentation des effectifs embarqués avec 10 militaires supplémentaires pour la brigade de gendarmerie et 12 fonctionnaires en plus pour la brigade nautique de la PAF.
Ces effectifs pourront compter sur une logistique neuve et rénovée avec, en 2020, l’arrivée de 8 intercepteurs « en parfaites conditions opérationnelles ». L’opération prévoit également la création d’une « unité littorale des affaires maritimes » dédiée au contrôle des pêche et à la lutte contre l’immigration clandestine, une « surveillance aérienne » et la « mobilisation de moyens hauturiers ». À terre, la PAF accueillera 35 fonctionnaires supplémentaires, tandis que la gendarmerie départementale sera renforcée par l’arrivée de 35 militaires. Le Plan prévoit aussi une « présence accrue des légionnaires sur le territoire, intégrée au dispositif global de la LIC pour des missions d’observation, d’information et d’appui aux interpellations conduites par les forces de sécurité intérieure ».
Aide au développement des Comores
Du côté judiciaire, une « cellule de lutte contre le travail illégal » sera créée, mobilisant « la PAF, de la gendarmerie, de l’inspection du travail, du GELIC et du CODAF pour accroître la pression sur l’ensemble du territoire ». On parle également de renouvellement de la stratégie de lutte contre l’habitat illégal avec la mise en place d’une cellule interministérielle, de renforcement de la lutte contre la fraude dans les délivrances de titre « par un expert de la police aux frontières spécialisé dans la fraude documentaire », de renforcement de la chaîne judiciaire grâce à sept effectifs supplémentaires pour le greffe du TGI de Mamoudzou, ou encore, de travail partenarial avec les collectivités et notamment, entre police municipale et force de l’ordre.
Déplacement à #Mayotte : ma première visite est consacrée à la lutte contre l’immigration clandestine, un enjeu majeur pour le territoire. Je lance l’opération #Shikandra, qui devrait permettre d’atteindre 25000 reconduites d’ici fin 2019. pic.twitter.com/18DQv7bVen
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) August 26, 2019
Sur la coopération internationale, il est bien évidemment question d’un renforcement de la coopération avec les Comores, que ce soit au niveau de la sécurité ou sur le plan économique et sanitaire. Le gouvernement français entend « accompagner le gouvernement comorien dans la lutte contre les filières d’immigration irrégulière, la traite des êtres humains et la sauvegarde des vies humaines en mer » et mettre en place « l’accord cadre signé le 22 juillet 2019 prévoyant une aide au développement économique et sanitaire de 150 millions d’euros sur trois ans ». L’opération prévoit aussi de renforcer l’activité de l’OFPRA pour traiter les dossiers des demandeurs d’asile présents à Mayotte ou encore, un « travail diplomatique permettant un éloignement vers les pays d’origine afin de limiter l’ancrage des demandeurs d’asile à Mayotte, notamment en provenance des pays d’Afrique de l’Est ».
Près de 18 000 reconduites en 2019
Lors de cette conférence de presse annonçant le PRALIC, Annick Girardin a aussi dressé un bilan des mesures mises en place dans le Plan pour Mayotte adopté en 2018, suite au mouvement social du mois de mars. Ainsi, les services du Ministère des Outre-mer listent l’État-major de lutte contre l’immigration clandestine installé le 25 mai 2018 ; le groupe d’enquête sur la lutte contre l’immigration clandestine (GELIC) opérationnel depuis octobre 2018 ; la reprise des reconduites vers les Comores officialisée le 6 novembre 2018 ; le renouvellement de quatre intercepteurs en 2018 ou encore ; la modernisation du traitement du signal radar réalisée en septembre 2018.
En 2019, 17 736 reconduites ont été effectuée du 1erjanvier au 15 août, soit une augmentation de 150% des interpellations entre 2018 et 2019. Rien que sur le premier semestre 2019, l’État enregistre une moyenne de 2 368 « éloignement » par mois, contre 1 250 en 2018. La ministre vise les 25 000 reconduites à la fin 2019.