À La Réunion, les filières de production locale s’unissent et se mobilisent face à l’État

À La Réunion, les filières de production locale s’unissent et se mobilisent face à l’État

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Réunies sous la bannière « La Production Locale Réunie », toutes les filières réunionnaises de production (animale, maraîchère, fruitière, cannière et la pêche) ont tiré la sonnette d’alarme et fait part de leurs inquiétudes quant à l’aide allouée à la filière canne et le fonds CIOM épuisé. 

Réunis sous la bannière « La Production Locale Réunie », l’ensemble des grandes organisations représentants les filières de production réunionnaises sont vent debout. En cause, l’absence de l’aide allouée à la filière dans le prochain projet de loi de Finances, soit en tout 38 millions d’euros pour « maintenir un prix d’achat de la canne garanti », et « la consommation intégrale du fonds CIOM (40 millions d’euros) qui n’a pas été revalorisé ». « C’est une catastrophe qui va tuer la canne, mais aussi toute l’agriculture réunionnaise », ont fait savoir les producteurs péi. Rien que sur la filière canne, importante à La Réunion, c’est 18 300 emplois directs menacés. Et la dernière campagne, jugée mauvaise, a fait perdre 5 millions d’euros à l’industriel Tereos océan Indien.

« Nous avons investi 13 millions d’euros l’an dernier dans nos outils. Nous sommes extrêmement perturbés. Nous savons que le maintien d’une seule sucrerie n’est pas viable. La convention canne de 2015 et son avenant de 2017 est un engagement tripartite entre l’État, les planteurs et l’industriel. Si l’État ne tient pas son engagement de garantir les financements de soutien à la filière, plus rien ne tient. Or, il n’y a aucun argument valable à cette suppression si ce n’est des économies budgétaires. Pourtant le candidat Macron s’était engagé fermement à l’époque », a déclaré Philippe Labro, président du directoire de Tereos océan Indien, qui a récemment rencontré les ministres des Outre-mer et de l’Agriculture à Paris.

« Alerte rouge »

« Nous décrétons l’alerte rouge pour l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire. J’ai une profonde inquiétude concernant la prise en compte de nos problématiques locales par le gouvernement : les DOM ne sont plus considérés à Paris, nous sommes devenus la variable d’ajustement. La ministre de l’Outre-mer ne peut pas lutter seule », a poursuivi Daniel Moreau, président de l’Adir, association du développement industriel. « Nous avons bien compris que le gouvernement ne voulait plus des spécificités ultramarines et entendait faire revenir les Dom dans le droit commun pour qu’ils coûtent moins cher. Alors que l’Europe a encore reconnu l’année dernière les particularités des territoires ultramarins. Cette vision est mortifère. Le gouvernement est autiste sur nos demandes ».

« Sans le fonds CIOM, nous ne pourrons pas poursuivre le développement des filières fruits et légumes », souligne de son côté Jean-Charles de Cambiaire, vice-président de l’Arifel, interprofession des fruits et légumes. « Nous sommes à un tournant, ce n’est pas à Paris de décider du modèle agricole réunionnais. Sans visibilité, les jeunes ne peuvent pas s’installer et les agriculteurs ne pourront plus investir », a ajouté Jérôme Gonthier, président de l’Urcoopa, union des coopératives agricoles. Pour mieux se faire entendre, « La Production Locale Réunie » a interpellé les élus réunionnais. Huguette Bello, députée GDR, a notamment entendu l’appel et affiché son soutien, tout comme Ericka Bareigts, députée socialiste et ancienne ministre des Outre-mer ou encore, Jean-Hugues Ratenon (LFI), Nathalie Bassire et David Lorion (LR) et enfin le sénateur Michel Dennemont.

De son côté, le Département a adopté à l’unanimité une motion visant à demander au gouvernement de « transformer l’aide conjoncturelle à la filière canne en aide structurelle et de la traduire dans la loi de finances ». À l’Assemblée nationale ce mercredi, la ministre des Outre-mer a déclaré que cette aide était encore « en débat ». « La Production Locale Réunie » a également interpellé les élus de Guadeloupe et de Martinique.