50ème Forum des îles du Pacifique : L’Australie à contre-courant des Leaders du Pacifique

50ème Forum des îles du Pacifique : L’Australie à contre-courant des Leaders du Pacifique

Scott Morisson, Premier ministre australien ©Mick Tsikas / AAP

Réunis dans l’archipel de Tuvalu du 13 au 16 août, les États et territoires insulaires du Pacifique n’ont pas réussi à parvenir à un large consensus sur leur déclaration finale, à l’occasion de l’annuel Forum des îles du Pacifique. En cause, l’Australie dissonante sur la réduction des émissions de CO2, l’usage de charbon et le Fonds vert pour le climat. 

Vent de froid aux Tuvalu cette semaine. Alors que l’archipel indépendant de 12 000 habitants, concernés par le réchauffement climatique et la montée des eaux, accueillait le 50ème Forum des îles du Pacifique, l’Australie a fait part de ses réserves lors de la traditionnelle déclaration finale. Sous le thème de l’environnement et du changement climatique, les représentants des différents États et territoires insulaires de la région visait un consensus général, mais le Premier ministre Scott Morisson a émis ses réserves sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’usage du charbon et le Fonds vert pour le climat.

S’il assure comprendre les sensibilités des dirigeants voisins, Scott Morisson s’est dit « responsable devant le peuple australien ». « Il ne s’agit pas uniquement de l’économie australienne. Mais sur la façon dont l’Australie peut continuer à fournir le soutien que nous apportons dans la région du Pacifique », a-t-il également indiqué. Le Premier ministre a aussi critiqué la volonté de consensus des autres leaders du Pacifique. « Vous êtes soucieux de sauver votre économie en Australie… Je suis soucieux de sauver mon peuple à Tuvalu », a répondu le Premier ministre de Tuvalu, Enele Sopoaga. Le site ABC fait état de négociations « échauffées » durant la réunion finale réunissant l’ensemble des représentants du Pacifique, notamment entre Scott Morisson et Enele Sopoaga.

« Paria du Pacifique »

Alors que la déclaration finale reconnaît « une crise liée au changement climatique, encourage les pays à réviser les objectifs de réduction des émissions et appelle à une élimination rapide de l’utilisation du charbon », les leaders du Pacifique ont dû adopter une déclaration alternative avec des termes différents sur l’utilisation du charbon et la réduction des émissions.

L'ensemble des dirigeants des États et territoires insulaires du Pacifique, dont Scott Morisson et Jacinda Ardern ©Présidence de la Polynésie française

L’ensemble des dirigeants des États et territoires insulaires du Pacifique, dont Scott Morisson et Jacinda Ardern ©Présidence de la Polynésie française

« L’Australie est sur le point de devenir le paria du Pacifique », a commenté Joseph Moeono-Kolio, militant Greenpeace. « Scott Morrison a fait exactement le contraire de ce que les dirigeants du Pacifique ont demandé à l’Australie de faire et a placé les communautés du Pacifique sur le front de la crise climatique dans une position encore plus précaire ». « L’indifférence impitoyable de Morrison à l’égard du sort des insulaires du Pacifique montre qu’il n’a pas de mal à sacrifier des nations entières pour les profits à court terme de ses commanditaires dans l’industrie du charbon », a-t-il poursuivi.

Wellington solidaire avec le Pacifique 

Si la Nouvelle-Zélande a également émis des réserves sur les questions relatives au Fonds vert pour le climat, Jacinda Ardern s’est néanmoins montrée solidaire avec le Pacifique insulaire. « La Nouvelle-Zélande fera sa part et nous attendons à ce que tous les autres le fassent également. L’Australie doit répondre au Pacifique, c’est aussi leur affaire », a déclaré la Première ministre néo-zélandaise face à la presse. « Organiser un forum sur une île où le changement climatique n’est pas une proposition théorique mais bien une réalité », a-t-elle également souligné, en réponse à Scott Morisson qui qualifiait le Forum de « conversation de dîner ».

Elene Sopoaga, Premier ministre de Tuvalu ©Pacific Islands Forum / Twitter

Elene Sopoaga, Premier ministre de Tuvalu ©Pacific Islands Forum / Twitter

Pour rappel, l’Australie annonçait, en début de semaine, 300 millions d’euros d’aider les États insulaires du Pacifique face au réchauffement climatique. Mais plutôt que satisfaire les dirigeants du Pacifique, cette annonce a davantage cristallisé les critiques à l’égard de Scott Morisson. « Peu importe l’argent que vous mettez sur la table, cela ne vous dispense pas de faire ce qui est bien, c’est-à-dire réduire vos émissions, y compris ne pas ouvrir de nouvelles mines de charbon », a déclaré Elene Sopoaga. Et alors qu’elles sont considérées comme parmi les premières victimes du réchauffement climatique et de la montée du niveau des océans, les îles du Pacifique sont aussi celles qui ont les plus faibles émissions de gaz à effet de serre.