Déjà rompu avant le Comité des signataires de mars dernier, Edouard Philippe avait réussi à trouver le compromis pour faire revenir au G10 les membres loyalistes qui l’avaient quitté ©Outremers360
Alors que le dialogue est rompu au sein du groupe “Chemin sur l’Avenir”, du côté notamment de la droite dure loyaliste, et que ce mardi 26 juin marque le trentième anniversaire de la signature de l’accord de Matignon, le député calédonien (UDI – Calédonie Ensemble) Philippe Gomès a interpellé le Premier ministre à quelques jours d’une nouvelle tentative de dialogue entre les leaders politique calédoniens.
“Comment le Gouvernement entend-il poursuivre le dialogue engagé avec les formations politiques calédoniennes visant à réaffirmer le patrimoine commun du peuple calédonien indépendamment de leur opposition sur l’avenir institutionnel ?”, a demandé le député Philippe Gomès. A quelques jours d’une nouvelle réunion du groupe “Chemin sur l’Avenir”, voulu par le Premier ministre, les tensions règnent encore au sein de la classe politique calédonienne, en raison notamment de divergences profondes entre les loyalistes “durs” , les plus modérés et les indépendantistes, sur les “valeurs communes” de la Nouvelle-Calédonie, l’après-référendum et selon de nombreux observateurs, la proximité des élections provinciales de 2019. Les représentants du Rassemblement-LR et des Républicains calédoniens avaient annoncé leur départ de ce groupe, pour la seconde fois. Plus tard, la Plateforme loyaliste formée entre Calédonie Ensemble, le Rassemblement-LR et le MPC explosait.
“Le dialogue entre indépendantistes et non-indépendantistes demeure la clé de voûte du maintien de la paix et de la construction du vivre ensemble dans notre pays”, a souligné Philippe Gomès. “Le 26 juin 1988, quelques semaines après le terrible drame d’Ouvéa, le jour de la signature des accords de Matignon, le Premier Ministre Michel Rocard déclarait, je le cite : « je veux dire à mes compatriotes de Nouvelle-Calédonie : reprenez espoir, une page nouvelle va pouvoir s’inscrire, non par les armes, mais par le dialogue et la tolérance, par le travail et la volonté ». Il ajoutait : « ceux qui à Paris ont parlé en votre nom ont fait preuve de courage et de responsabilité. Sans rien abandonner, ils ont su donner et pardonner »”.
.@PhilippeGomesCE (UDI-AGIR) interroge le Gvt sur le prochain référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et lui demande de « poursuivre le dialogue qu’il a initié entre indépendantistes et non-indépendantistes ». #QAG #DirectAN pic.twitter.com/vaNSswjXo7
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 26 juin 2018
« L’art de la paix repose sur une méthode : un dialogue ininterrompu, exigeant et direct qui accepte l’idée qu’on ne soit pas toujours d’accord (…) mais qui est fondé sur l’idée que nous ne devons pas rompre le fil de ce dialogue », a répondu le Premier ministre Edouard Philippe qui insiste, « des valeurs communes qui existent et qui sont partagées, qui font que des hommes et des femmes venus d’horizons radicalement différents (…) veulent vivre ensemble, ce qui est la définition d’un peuple ». « Derrière la question binaire du référendum, nous devons tous avoir conscience (…) des valeurs partagées (…) du travail en commun dans le dialogue avec l’envie de construire la paix », a-t-il poursuivi en soulignant, « la très grande responsabilité qui est devant le peuple de Nouvelle-Calédonie » et qu’il appartient « à nous tous d’être à la hauteur de nos responsabilités ».
En d’autres termes, le Premier ministre a, dans sa réponse au député Philippe Gomès, donné raison aux élus calédoniens soucieux d’entretenir le dialogue en Nouvelle-Calédonie, à quelques mois du référendum d’autodétermination. Reste à savoir si ces mots sur « l’art de la paix », « le dialogue ininterrompu et exigeant » et « les valeurs communes et partagées » trouveront un écho du côté de l’aile dure de la droite loyaliste.