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Curiosité de la saison dans l’Océan Indien, la tempête tropicale Abela poursuit sa route dans la région, observant une trajectoire Ouest/sud-ouest. Elle passera au plus proche de La Réunion ce soir, mais à bonne distance tout de même, au Nord/nord-ouest, provocant quelques pluies et un peu de houle. Explications.
« Remarquable en plein hiver rigoureux« , nous explique Philippe Caroff, Responsable opérationnel du Centre des Cyclones Tropicaux de La Réunion contacté par nos soins, « mais anecdotique« . Car oui, l’Océan Indien a déjà connu ce type de dépression en plein hiver austral, même rigoureux comme celui de cette année. L’Océan Indien a notamment pu observer Odette en 1971 et la tempête tropicale M2 en 1997.
Concernant Abela, celle-ci vient d’être rétrogradée en dépression tropicale modérée. En d’autres termes, elle perd rapidement en intensité, les conditions météorologiques n’étant pas favorables au développement de systèmes dépressionnaires. L’Hiver austral plutôt rigoureux cette année semble donc avoir repris le dessus. Abela se situe actuellement à 690 km au nord de La Réunion, se déplaçant à une vitesse de 28 km/h. Elle devrait, dès ce soir et jusqu’à jeudi, provoquer quelques pluies et une petite houle sur La Réunion, mais rien d’exceptionnel. Dès jeudi, elle sera classée « dépression résiduelle« , souligne Imaz Press Réunion. Par téléphone depuis La Réunion, Philippe Caroff nous explique:
Abela ne représente pas de réel danger pour la Région ?
Elle n’a jamais vraiment représenté de danger pour la région. C’est une tempête ultra-modérée qui est encore de faible intensité en mer et qui va s’affaiblir en touchant Madagascar. Il y aura une influence périphérique pour Maurice et La Réunion, essentiellement beaucoup de nuages, un peu de pluie et de la houle.
Quelle sera son intensité à Madagascar ?
Elle sera très très faible, sans conséquences particulières: quelques pluies mais rien qui sorte de l’ordinaire.
Ce type de dépression est-il surprenant en plein Hiver austral ?
Ce n’est pas la première fois qu’on voit ce type de dépression à cette période de l’année, c’est déjà arrivé 2 ou 3 fois dans les cinquante dernières années. En 1971, il y a eu la tempête Odette, en juillet 1997 il y a eu la tempête tropicale M2. Donc, ça arrive certes rarement mais ça arrive. Par contre, un système aussi bien définit qu’Abela n’a jamais été observé jusqu’à présent et à ce moment de l’année, étant tout de même d’une intensité supérieure à ses deux prédécesseurs. On peut considérer qu’Abela est, depuis les cinquante dernières années, le système le plus intense observé à cette période de l’année. Ce n’est pas impossible de voir des perturbations se former en plein hiver austral (plutôt sec et frais, ndlr). Sachant que près de l’équateur et sur la partie Est de l’Océan Indien, il y a encore suffisamment d’énergie, l’eau est encore suffisamment chaude près de l’équateur pour créer cette énergie. Encore faut-il des conditions dynamiques, c’est-à-dire à la fois des pressions atmosphériques en basse et en haute atmosphère qui permettent des systèmes dépressionnaires. Donc il faut réunir toutes ces conditions là et il se trouve qu’il y a eu une période de quelques jours, pendant laquelle les conditions étaient favorables, surtout dimanche et lundi où les conditions étaient propices à la formation d’un système dépressionnaire tropical. Et Abela en a profité pour atteindre une intensité assez remarquable pour cette période de l’année. C’est donc un phénomène exceptionnel par l’intensité qu’il a atteint mais qui n’aura pas de conséquences particulières sur les pays de la région. C’est plus pour l’anecdote.