« Il s’agit de la plus grande éruption sous-marine jamais enregistrée à ce jour », indique le CNRS dans un communiqué suite à une analyse de données sismologiques et géodésiques réalisée par une équipe internationale dirigée par des scientifiques de GFZ, avec la collaboration de Jean Letort, enseignant-chercheur à l’Observatoire Midi-Pyrénées.
Le but de la mission était d’étudier l’évolution et les étapes qui ont conduit à la naissance de ce volcan sous-marin, découvert au large de Mayotte, depuis les premiers essaims de séismes. « Tout d’abord, l’observation d’une migration rapide et ascendante (du bas vers le haut), de la sismicité en mai-juin 2018 a indiqué une propagation du magma depuis environ 30 km de profondeur jusqu’au plancher océanique où la campagne MAYOBS 1 a découvert la création d’un nouvel édifice volcanique », explique le CNRS.
« Une fois le conduit formé et un passage ouvert pour le magma vers la surface, l’éruption a commencé en juin 2018, laissant le magma sortir sans difficulté ce qui a entrainé une diminution de l’activité sismique et un affaissement du réservoir magmatique en profondeur, détecté à l’aide des stations GPS », poursuit-on. À partir de septembre 2018, une autre phase a commencé, avec un regain de sismicité en profondeur et plus proche de Mayotte. « Celle-ci était due au drainage et à l’effondrement du réservoir magmatique s’étendant entre l’île et le volcan ».
« L’équipe a ainsi pu reconstruire les différents processus de la mise en place du volcan au large de Mayotte et du drainage d’un réservoir très profond, à environ 30 km de profondeur. Il s’agit de la plus grande éruption sous-marine jamais enregistrée à ce jour (plus de 3,4 km3) » assure le CNRS. Toujours selon les scientifiques du GFZ, ce réservoir serait le plus profond et le plus grand du manteau terrestre jamais trouvé. Situé à une cinquantaine de km à l’Est de Mayotte, et à 3 500m de profondeur, le volcan fait déjà 800m de haut et 4km de large. Il avait été découvert en mai 2019 par la mission MAYOBS1, qui avait pour but d’expliquer les nombreux essaims de séismes qui secouaient l’île depuis janvier 2018.