Projet Montagne d’Or en Guyane: le débat public révèle la « fracture » autour du projet minier

Projet Montagne d’Or en Guyane: le débat public révèle la « fracture » autour du projet minier

©J.Amiet/ Compagnie Montagne d’Or

Le débat public mené en Guyane autour du projet industriel de mine aurifère Montagne d’Or, a mis en évidence « la profondeur de la fracture que celui-ci provoque au sein de la société guyanaise », souligne vendredi la Commission particulière du débat public (CPDP) dans un rapport.

Montagne d’or est un projet d’exploitation minière à ciel ouvert, via un procédé de récupération de l’or par cyanuration en circuit fermé, porté par la Compagnie de la Montagne d’or (CMO) et financé par un consortium russo-canadien, Nordgold-Columbus Gold.

Décrié par les associations environnementales, il prévoit l’exploitation d’une mine de 2,5 kilomètres de long, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale. Il permettrait la création de 750 emplois directs majoritairement locaux et 3.000 emplois indirects, selon ses promoteurs. Il est défendu par le patronat et de nombreux élus locaux.

© Twitter Cie Montagne d'Or

Des membres de la CPDP (Commission particulière de débat public) en visite sur le site de la Montagne d’Or © Twitter Cie Montagne d’Or

Le débat public qui s’est tenu du 7 mars au 7 juillet a permis à « beaucoup de Guyanais attachés à maîtriser leur destin » de s’exprimer sur un sujet qui « fracture violemment le territoire », a expliqué Roland Peylet, président de la CPDP, lors d’une conférence de presse à Cayenne. La CPDP souligne « l’existence de forces d’opposition particulièrement déterminées » et relève que « les risques environnementaux et sanitaires constituent le motif d’opposition au projet le plus important ».

« Un rapport équilibré qui donne des pistes pour améliorer le projet »

« Auparavant les arguments se plaçaient beaucoup sur le terrain des impacts économiques, de l’emploi, mais de plus en plus la population est particulièrement sensible aux impacts environnementaux », a reconnu Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), en déplacement en Guyane.
« Ce rapport est relativement équilibré, par rapport aux débats plus qu’agités » sur le terrain, a déclaré le président de la Compagnie Montagne d’Or, Pierre Paris. « Il nous donne des pistes pour améliorer le projet », a-t-il expliqué estimant qu’il n’y avait « pas de point d’achoppement » à une future demande de permis de construire.

En cas de poursuite du projet, la CPDP appelle le maître d’ouvrage et « les autorités administratives compétentes » à « ne pas sous-estimer l’importance du respect des lieux de mémoire », « améliorer la transparence », « être précis et complet sur la détermination des mesures à prendre en matière de gestion des risques » et « donner aux solutions minimisant les risques et les impacts la préférence sur celles maximisant les profits ».

Le nouveau ministre de la Transition écologique François de Rugy a estimé mercredi qu’il fallait « reprendre d’une façon ou d’une autre » le projet Montagne d’Or, qui ne peut pas être mené « comme envisagé ». Un avis partagé par la Ministre des Outre-mer interrogé par Outremers 360. « Le projet Montagne d’Or, « n’est peut-être pas à la hauteur de nos espoirs » en matière d’écologie, admet Annick Girardin. « Au vu des informations que j’ai aujourd’hui, je pense que ce projet n’est peut-être pas à la hauteur que ce qu’on peut espérer ».

 

Avec AFP